lundi 16 avril 2012

La béquille ou le coup de pied au c...

Et si la perspective tracée par la direction actuelle du Parti Communiste Français se résumait à la fondation d'un second pôle réformiste dans la paysage politique européen, une forme étendue du "Die Linke" expérimenté en Allemagne.
Le ressort principal d'une telle démarche tend à tirer à gauche une social-démocratie inclinant au centre.
Vous aurez beau chercher dans l'histoire, les réussites de tels processus ne sont pas faciles à trouver. Le rapport de force gauche droite comme les équilibres internes à la droite et à la gauche ne se résolvent pas en endossant le costume de l'adversaire ou du concurrent, mais bien dans la clarté d'un affichage sans ambiguïté des identités et des confrontations d'idées.
La théorie du moindre mal vient à temps au secours de celles et ceux qui prétendent être utiles dès aujourd'hui en s'engageant d'abord au service de l'idéal voisin à défaut de servir le leur. C'est ainsi qu'avec plus ou moins de bonheur la gauche française des trente ou quarante dernières années a redoré le blason des socialistes au dépends des communistes. Depuis le début des années 70 l'orientation conduisant à l'union de la gauche a-t-elle effectivement rendu le parti socialiste moins mou ou réservé dans ses ambitions de changement ? L'observation des parcours et des options de Mitterrand, Rocard, Delors, Strauss Kahn et tant d'autre fournit la réponse sans ambiguité, et c'est non.
Bien sûr, et Jean-Luc Mélenchon ne se prive pas de le rappeler, les 35 heures, la retraite à 60 ans... des mesures progressistes ont été prises, mais la plupart du temps sans engager les moyens garants de leur généralisation et de leur pérénité, y compris dans les domaines connexes.

Tant avec les mesures consenties pour asservir la France à la technocratie européenne depuis le traité de Lisbonne comme avant, que par leur réactions timides aux dernières mesures concoctées par le couple franco allemand interdisant toute liberté d'action de la France dans la conjuration des crises, les socialistes français, avec les autres socio-démocrates européens servent au mieux de béquilles aux maîtres des destinées européennes à l'abri des couveuses des grands groupes financiers.
Et ce n'est pas le sabre de bois de François Hollande qui scande son opposition au monde de la finance qui change les chose ; pour ne pas se ridiculiser en triste Don Quichotte peut-être aurait-il pu faire en sorte que les socialistes français fassent autre chose que s'abstenir quand le gouvernement de Sarkozy imposait au Parlement français de plier l'échine devant les exigences d'abandon de maîtrise budgétaire des Etats mis sous la tutelle des financiers européens.
Si l'enjeu affiché au pupitre des tribunes est bien le changement, ce changement se résume assez vite au roulement du personnel au pouvoir, à l'alternance tranquille, proposant l'homéopathie pour calmer les douleurs des peuples que les politiques conduites par la droite comme par les socialistes ne font qu'empirer. 
De solution, ne devrait-il plus en exister d'autres que celles qui ont épuisé tant de militants ?
Peut-être pas, pour peu qu'on regarde en arrière, on peut retrouver la trace d'une pratique plus exigeante dans laquelle l'intervention du peuple n'est pas d'abord attendue pour se faire élire, mais pour exiger dans la rue que celles et ceux qui sont à la barre naviguent effectivement dans la direction du changement. Le Front Populaire de 1936 n'avait pas eu besoin de ministres communistes pour imposer quelques avancées spectaculaires. A la Libération la mise en oeuvre des mesures sociales et économiques progressistes du programme du CNR (concoctées en bonne partie par le communiste Pierre VILLON) ne s'est pas passée de la présence effective  mais brève de ministres communistes auprès du Général de Gaulle ; le plus important reste encore aujourd'hui le programme. En 1968, les avancées en matière salariale comme dans d'autres domaines touchant au mieux-être ou à la représentativité des salariés ne sont pas sortis de quelques transactions politiciennes... Dans tous les cas la pression populaire, l'expression de l'exigence d'un peuple qui fait vivre le bien commun passent les barricades du capital et des pouvoirs qui le servent.
Là encore Jean-Luc Mélenchon, dans son discours, porte une parole juste en insistant sur la nécessité de la mobilisation populaire post-électorale.
Encore faut-il quelques organisations en capacité de la porter, organisations politiques et syndicales.
Et c'est peut-être là qu'il faudrait pouvoir compter sur un Parti Communiste Français ayant retrouvé son petit manuel révolutionnaire et des syndicats également ravigotés.


Quelques illustrations pour alimenter la réflexion :
à propos des élections en Sarre, une analyse de camarades parisiens à lire ici.
à propos de crise en Grèce, une réponse des communistes Grecs à Pierre Laurent à lire là.

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