Un roquet grincheux de l'UMP prétend que la gauche est une imposture intellectuelle...
Quelle imposture, et de quelle gauche ?
S'il vise les tergiversations mollassonnes de la social-démocratie, celles d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, il se trompe : il ne s'agit pas d'imposture mais de renoncement politique.
S'il vise les options proposées par la gauche française aujourd'hui incarnée par le Front de Gauche et la multitude de celles et ceux qui s'y retrouvent, il se trompe : il ne s'agit pas d'imposture intellectuelle ; mais bien plutôt d'une véritable posture intellectuelle proposant une analyse de l'existant et une perspective de changement cohérente dans ce qui fait une véritable politique de gauche, redonnant au pays le sens de la démocratie, du partage contre l'accaparement, du commun face à l'illusion du chacun pour soi, de tout ce qui fait vibrer les trois cordes de notre devise républicaine.
- La liberté emprisonnée dans les geôles du capital, enchaînée aux boulets de la misère oppressive a besoin que le peuple la revendique comme une valeur aussi universelle d'inaliénable.
- L'égalité galvaudée par les puissants comme l'obstacle passé de mode de leur inextinguible appétit mérite d'être redorée aux frontons des écoles qui devraient désormais étayer les premières années de la vie autrement qu'elles le font en confortant toutes les différences sociales et économiques au point de les avoir rendues quasiment naturelles dans la conscience collective d'un peuple sans boussole.
- La fraternité, paradoxalement la plus faible des charpentes républicaines a trop souvent été récupérée par celles et ceux qui, accédant au pouvoir en font un emblème détourné pour faire tolérer l'injustice qu'ils produisent.
La France libre n'est pas à droite, encore moins à son extrême brunâtre, l'une comme l'autre cuisinent dans la même gamelle que le centre pour servir la soupe au capital.
Elle n'est pas non plus dans les options centristes des raisonneurs "raisonnables" de la social-démocratie qui n'a jamais été capable d'autre chose que de soigner le cancer capitaliste avec quelques tisanes.
La jeunesse d'aujourd'hui ne peut pas se souvenir du virage de 1983, et la mémoire de 81 n'est guère pour elle qu'un point-virgule dans une page d'histoire. De tout celà elle ne saurait être coupable quand bien même elle en est sacrément victime.
Et pourtant, confusément elle porte encore les mêmes espoirs allumés en 68, ceux d'un véritable changement, d'une nouvelle orientation politique qui ne soit pas qu'un changement de titulaire de portefeuille ministériel. Et cette jeunesse peuple aujourd'hui naturellement les rassemblements du Front de Gauche dans un heureux mélange des générations.
Et c'est un bon signe.
Mais... et après ?
Si la campagne devait encore durer un an peut-être... mais une semaine ne suffira pas à rendre majoritaires les positions du Front de Gauche ; et il est assez probable que le candidat socialiste cueille le fruit du désamour de Sarkozy.
S'il veut ensuite se mettre en cuisine il faudra qu'il l'accommode avec les ingrédients résultant de la belle culture du Front de Gauche et c'est bien là que les choses vont se compliquer.
Quels interlocuteurs, de quelles organisations, sur quelles positions ? la liste des questions n'est pas exhaustive. Et le machin Front de Gauche qui fonctionne bien pour gommer les différences dans la phase de l'avant va bientôt devenir un petit carcan pour qui voudra faire chanter sa différence au service de ses ambitions.
Participation au gouvernement, soutien sans participation, constitution d'un pôle critique plus ou moins indépendant du courant social démocrate... Toutes les options dorment encore sous la couette du Front de Gauche.
Les résultats du premier tour dimanche feront retentir la première sonnerie du réveil, et les soubresauts de l'entre-deux tours finiront d'ouvrir les volets sur un nouvel horizon.
Reste à savoir si la fenêtre s'ouvrira sur la place de la Bourse ou sur celle de la bastille.
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