Hiver de martiens

Le journalisme est en mode hiver... Il neige ! Non, mais attention, disent les journalistes de l'enneigement, il va neiger d'ici à quelques heures, et c'est hyper important puisque le préfet a décidé de la fermeture de la route la plus importante bien avant qu'il neige, toute autre info ne saurait passer qu"après que les journalistes du déneigement aient accompli leur mission en expliquant que pour déneiger il fallait d'abord attendre que la neige soit tombée. Alors, et alors seulement les camions qui travaillent par les deux bouts, équipés de lames de déneigement vont partir racler les chaussées et, comme derrière ils répandent du sel, la chaussée devrait être dégagée d'ici peu pour que les travailleurs aillent travailler...
C'est sous la lumière cruelle de l'actualité météo que le parisianisme de tous les jours se montre quand même le plus rigolo... encore que c'est peut-être bien plus affligeant que rigolo.
Il y a bien là de quoi faire sourire les citoyens ordinaires de nos montagnes à vaches qui continuent de vivre, même en hiver, sans trop s'inquiéter d'avoir à marcher dans la neige ou à rouler dessus... Mais c'est vrai que là hiver comme été, c'est plus difficile d'année en année, l'école est plus loin, l'hôpital et la maternité aussi... Encore heureux qu'on est costaud et qu'on ne fait plus de petits !
Il y a peut-être aussi de quoi faire ricaner canadiens, autrichiens ou russes... et les martiens !
Aurions-nous le triste privilège d'avoir des préfets plus prompts à déployer leur parapluie de sécurité des fermetures des routes bientôt enneigées qu'à se préoccuper de mettre à l'abri des rigueurs de l'hiver ceux qui n'en ont pas ?
Que des enfants, des femmes et des hommes, souvent dans la misère accrue de leur solitude, mais aussi en famille,  dorment dehors occupe moins de temps d'antenne que la neige en hiver !
Mais qu'on ne s'y trompe pas, le manteau blanc ne refait pas la virginité des coupables de la misère, ni des fossoyeurs des services publics qui ne sont plus en mesure d'assurer à nos populations des conditions de vie et de circulation décentes aujourd'hui.