lundi 28 janvier 2019

80

Débats et statistiques, les 80 km/heure reviennent sur le tapis...
Du côté des chiffres, les statistiques affichent une bien heureuse baisse de la mortalité sur les routes de 2018 ainsi qu'un recul du nombre des blessés graves.
C'est une bien bonne nouvelle et il n'est pas indispensable d'arborer la figure d'enterrement et le verbe moralisateur d'une vieille pourfendeuse pour s'en réjouir.
Il n'en fallait pas plus pour que le premier sinistre s'en fasse les choux gras validant sa mesure impopulaire assumée de réduction de la vitesse autorisée sur les routes à 2 voies sans séparateur...
Le problème n'est pas trop dans l'ineptie du système que dans l'incohérence des politiques publiques.
A entendre les maîtres de la République il est important d'aller de plus en plus vite d'un bout du pays à l'autre à grands coups de TGV et d'aéroports régionaux vendus au privé...
Le TGV a quelque peu défiguré la France en mettant Marseille à portée de Paris de la même façon que Clermont-Ferrand...
D'un état nation massif, le pays se transforme peu à peu en archipel de métropoles en réseau avec la capitale sur les liens à grande vitesse et gros débit des TGV et des autoroutes.
Le phénomène régional ne fait qu'accentuer la chose en déclassant les villes moyennes au rang de gros chef-lieu de cantons.
Le choix du sacrifice est clair pour la grande majorité des vraies régions désormais écartées de la table des maîtres et, tout comme les cochers des temps anciens, sont invitées à passer par la souillarde pour partager les miettes du petit personnel.
L'hypothèse du rayonnement métropolitain est aussi inopérante que celle du fameux ruissellement du trop plein des grandes fortunes.

Les métropoles jouent les sangsues des territoires qu'elles accaparent, ne leur laissant guère à gérer que l'apanage des cimetières et des EHPAD.

Quand les statistiques affichent les causes des accidents mortels, la consommation d'alcool ou de stupéfiants arrive en tête avec l'excès de vitesse.
Les causes sont rarement monofactorielles, et c'est le plus souvent l'aggravation des effets de l'une qui conduit au drame. 


Il ne faudrait pas non plus passer par pertes et profits les causes liées à l'état des infrastructures qui jouent dans un quart des cas au moins.
L'inadaptation de la vitesse est d'ailleurs très liée à l'état de la route comme à celui du conducteur, défaut de vigilance avec la fatigue, etc.
Claironner aujourd'hui que le passage à 80 km/h a permis d'économiser des vies, c'est certainement vrai dans quelques cas et c'est tant mieux ; mais la mesure aura surtout permis de faire exploser les compteurs des radars tirelires avant que le mécontentement des "Gilets Jaunes" n'en neutralise quasiment les deux tiers.
Ensuite, il devient évident que, pour rouler à 80 km/h, la qualité du revêtement, le profilage des chaussées et l'entretien général du réseau routier n'aura plus les mêmes exigences. Encore une source d'économies que la SNCF pratique depuis longtemps en ralentissant les trains sur un réseau délabré plutôt que d'en assurer un entretien correct.
La dangerosité du réseau ne peut que s'aggraver dans de telles conditions ; beaucoup délaisseront les belles autoroutes à péages pour se reporter sur un réseau secondaire dégradé, voire même sur des itinéraires plus délaissés encore pour rouler plus vite là où ils ne croisent pas de radars...
Le plus grave est encore ailleurs quand le pouvoir décide d'imposer un ralentissement général dans des territoires qu'il délaisse déjà par ailleurs. Et c'est là que les pompiers ou les ambulances vont augmenter leur temps de parcours pour atteindre la grande maternité théoriquement à une heure de route ou le CHU rallié trop tard par une route encombrée de camions qu'on ne double plus autrement qu'en prenant des risques plus grands...
Les manants chassés des villes par le miracle des profits immobiliers prendront bien le temps de rentrer tard à la maison ou d'en partir plus tôt pour être à l'heure au travail. pendant qu'on va fluidifier et accélérer le trafic entre Paris, Orly et Roissy... Les affaires, elles n'attendent pas !

Et si on expérimentait le 50 km/h universel avec des véhicules bridés pour augmenter le pouvoir d'achat des automobilistes qui éviteraient ainsi tous les photomatons... Nous serions alors effectivement En Marche vers le futur pour peu qu'on les fassent fonctionner à la pédale ou à la voile. Il doit bien y avoir un député playmobil en capacité de déposer une proposition de loi en ce sens.

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