dimanche 16 juin 2013

Vivre entoire sur notre terrisemble …



Dans les coulisses de l’expo !
Le vernissage de l’exposition d’art et d’artisanat d’art de l’Amicale Laïque de Tronget, samedi matin, a été l’occasion de belles et bonnes rencontres entre les exposants venus nombreux et les artisans de l’exposition qui livraient aux visiteurs l’installation qu’ils avaient réalisée en une semaine de joyeux labeur après quelques mois de préparation.
Le propos inaugural du président de l’association, outre les remerciements de coutume et les félicitations bien méritées aux artistes qui accrochent ici de fort belles œuvres, a souligné l’investissement et la qualité du travail de la grosse équipe des bénévoles bâtisseurs de l’expo.
Faire état du bonheur que chacun ressent à la retrouvaille de ce rendez-vous culturel n’est pas que formel ; c’est la manifestation d’une forme de réjouissance collective à la fois enrichissante dans le renforcement des liens de chacun avec l’art dans tous ses états et de tous dans le partage des tâches et le travail de chacun : du « vivre ensemble » qui trouve ici toute sa saveur dans la pratique, bien plus que dans n’importe quel discours incantatoire.

Dans les coulisses de l’expo, ce sont tous les petits secrets de fabrication qui se révèlent comme la cuisine au fourneau ; et si le terme d’installation de l’exposition correspond bien au travail réalisé par les amicalistes, il rejoint là le terme qui désigne aujourd’hui beaucoup d’œuvres d’art plus ou moins monumentales et qui s’inscrivent dans l’espace et dans toutes les dimensions.
Les artistes qui répondent à l’invitation de l’Amicale sont parfois de « vieilles connaissances » devenues amies au fil des ans et complices toujours bienveillants. Mais les éclats de surprise et de satisfaction dans les yeux ou au coin des lèvres sont cueillis dans le parterre des nouveaux exposants, et c’est là la plus belle des récompenses pour les bâtisseurs.  Les remarques parfois agacées ne sont pas moins importantes pour progresser ou faire comprendre qu’ici, personne n’est seul au monde ou en haut de l’affiche…
L’installation de l’exposition et son ouverture sont un peu comme la préparation de l’ouverture de la pêche… Un temps d’intense activité pour s’assurer d’être prêt à temps. Un temps où le rêve paraîtra bien dérisoire à la première prise…
Une petite fièvre, une effervescence diffuse et partagée met les sens en éveil et fait germer des apprentissages dans le lien qui se fait entre l’objet initial et le résultat projeté de l’assemblage. C’est un moment de saine pédagogie, d’espérance et de découverte. Chacun voit, touche et sent l’artiste au travers de son œuvre. Et pour les plus novices dans l’exercice il n’est pas rare d’entendre parler d’elle ou de lui en évoquant l’auteur qu’ils ne connaissent pas, de l’imaginer jeune ou plus vieux, en un mot de préfigurer ce que pourrait être la rencontre de l’auteur et du spectateur par l’entremise de l’œuvre. De la vie toute ordinaire en somme !
Toute prétention mise à part, l’installation de l’exposition s’approche de la réalisation du mosaïste qui, d’une multitude de petits tessons assemblés va proposer au regard une réalisation où chacun aura sa place à sa place pour participer comme il faut à la signification commune, sans que s’altère son propre sens. C’est peut-être la « marque de fabrique » de l’exposition proposée par l’Amicale Laïque de Tronget qui ne distribue pas d’autre récompense que le prix du Public, qui ne sélectionne pas pour son accrochage, qui se limite à la mesure de son espace et qui se veut à la portée de tous.
Des objectifs primordiaux qui règlent l’organisation de notre petit salon rural il faut retenir
·         l’ouverture : à toutes les formes d’art et d’inspiration, du cadre de proximité de nos petits ateliers locaux à des signatures internationales reconnues qui acceptent de faire escale quelques jours chez nous.
·         La confiance : les artistes confient leurs œuvres sans droit d’accrochage à des galeristes d’occasion, à des mains sans expertise mais pleines du plaisir d’offrir et partager.
·         Le partage : c’est celui de multiples techniques et formes d’expression artistique, comme une multitude d’itinéraires d’apprentissage et de connaissance, comme du dialogue dans la confrontation des goûts.
Tout ou presque a commencé avec les retours de courriers et les inscriptions… Il allait y avoir beaucoup de monde, et les formats grandissaient…
C’est de là qu’est née l’idée de faire de la salle un grand enroulement en double spirale pour préserver le maximum d’accrochage en panneaux double-faces confortés çà et là de travers isolant des espaces plus intimes. C’est l’architecture de départ qui ne sera jamais touchée ensuite si ce n’est pour ouvrir une perspective et une circulation indispensable au confort du visiteur. C’est un cheminement jamais tracé dans cette salle, et qui ne le sera peut-être plus jamais. C’est la réalisation de cette année.
Ensuite l’accrochage est venu, imposant la mise en place initiale de trois « grands formats », les seuls des plus de 230 objets qui ne bougeront plus jusqu’au vernissage ! Toutes les autres œuvres, peintures ou sculptures ou photos vont voyager dans le dédale des allées pour trouver le panneau de leur accrochage définitif. Chaque tableau, tel ces petits tessons de mosaïque est ensuite venu se poser à sa place, ici touche de bleu et là de fleurs ou de nature verdoyante… Quand les dernières œuvres s’accrochent, c’est le point d’orgue qui s’écrit sur la portée des couleurs et des formes, invitant à parcourir encore et encore l’itinéraire des choses pour le plaisir des yeux. Technique, couleur, taille ou encadrement, thématique et sujet, ce sont d’innombrables critères qui font faire et défaire des panneaux, des allées entières pour recomposer ailleurs un meilleur assemblage… Les œuvres des auteurs s’y retrouvent parfois rassemblées et tantôt dispersées pour composer le plus juste ensemble.
Et là ce sont les affrontements des goûts et des envies des uns et des autres qui président à la transformation ! Celles et ceux qui s’absentent un moment peuvent bien voir ruiné leur labeur de la veille pour constater avec satisfaction qu’une autre option a prévalu en leur absence… et que la nouvelle option fournit un meilleur résultat !
Tout ça pour qu’au bout du compte ce ne soit pas mon choix ou ta préférence, mais bien notre chose commune qui soit la solution la meilleure.
Du fil du bois, du dur du fer, de la transparence du verre ou du grain fin de la pierre, la touche encore humide de l’aquarelle, l’épaisseur souple  de l’huile sous le couteau ou le fil ténu tiré du pinceau à trois poils, la douceur du pastel ou les touches éclatantes de l’encre, la profondeur figée dans l’instantané de la photo, la douceur des lignes de poésie et la saveur du miel, la rencontre d’Eluard, des rouges éclatants des danseurs de tango, d’une crête de coq ou des pétales ondoyants des coquelicots, des bleus de mer profonds ou de ciels plus légers, c’est tout l’arc-en-ciel prisonnier volontaire dans les murs de la Maison du Temps libre qui appelle au plaisir tranquille de la méditation.
Au bout du compte, que retenir de l’expérience de cette expo 2013, comparable à celles qui l’ont précédée depuis 34 ans au moins, plus belle, si différente et si pareille à la fois, sinon que c’est un formidable outil d’humanité.
Il n’en restera rien ou presque pour la grande majorité des gens qui ne la verront pas et qui ont oublié que ce n’est pas en déléguant ses capacités de penser et d’agir que l’on vit, mais en les partageant.
Il en restera beaucoup, y compris à leur insu, à celles et ceux dont l’humanité naturelle et la sincérité des pensées auront ouvert l’esprit et le corps au travail comme à la visite pour laisser naître et prospérer l’émotion esthétique que nous devons tous aux artistes que nous accueillons pour quelques jours près de chez nous, sans chichis et sans fioritures.
Pour cette belle transmutation de 80 talents d’artistes en réussite d’exposition rassemblée, rien ne vaut l’exercice partagé des talents d’alchimistes de toutes celles et tous ceux qui se sont employés au montage !
Les compliments des passants d’hier et d’aujourd’hui disent merci à Alain, Amandine, Ambre, Annie, Catherine, Chantal, David, Emeline, Françoise, Guillaume, Jean, Laurence, Marie-Charlotte, Maurice, Maxence, Michel et Michel, Mickael, Olivier, Philippe, Soline, Suzanne, Thibault, Valérie, et quelques autres bien involontairement oubliés, d’avoir contribué à la mise en scène de cette petite aventure culturelle de 8 jours !


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