mercredi 3 avril 2013

Sincérité

Gérard Filoche a des accents de sincérité dans ce passage sur LCI ; bien plus sincère que le ministre de l'agriculture dans l'édition de Soir 3 face à  Edwy Plenel hier soir !

Inutile de parler du fond, la parole de Gérard Filoche dit tout, et tout est essentiel.



Le parcours politique de cet ancien inspecteur du travail peut paraître un peu chaotique : des étudiants communistes à la CGT et au Parti Communiste il rejoindra plus tard la ligue communiste puis la LCR avant d'adhérer au Parti Socialiste... Gérard Filoche a 20 ans d'adhésion au Parti Socialiste et sa colère est saine. Peut-être se fait-il le porte parole (parmi d'autres) du hiatus grandissant entre la base et les dirigeants socialistes. Depuis l'ère Mitterrand, le PS s'est coulé dans le même moule que le parti dominant à droite pour installer un bipartisme à l'américaine lui garantissant l'hégémonie à gauche et l'opportunité d'une alternance au pouvoir sans politique alternative.
Cette tromperie sur la marchandise avait déjà provoqué quelques éclats par le passé sous Jospin. Mais auparavant Jean-Pierre Chevènement avait quitté le PS en 93, un an avant que Gérard Filoche ne le rejoigne. Plus tard ce sera au tour de Jean-Luc Mélenchon de claquer la porte du Parti Socialiste ; en 2008 il est parti mais toujours socialiste pour fonder le Parti de Gauche et participer au Front de Gauche dont il espérait faire LE PARTI d'opposition à gauche du PS dont il veut renverser la suprématie à gauche...

C'est bien dans ce paysage politique en mouvement, ricochant régulièrement sur l'obstacle des "affaires politico-financières" qu'il faut bien lire l'affaire Cahuzac.
Rien de plus normal à ce que les politiciens de caniveau soient éclaboussés au passage de leurs maîtres dans les flaques du fric et du pouvoir, ils ne sont là que pour courtiser dans l'espoir souvent vain de participer un jour au festin à la table des grands. C'est ce mépris du peuple et des règles élémentaires de la démocratie qui nourrit la désaffection citoyenne des urnes et de la vie politique. C'est ce qui pollue TOUTES les organisations politiques jusqu'au niveau le plus élémentaire où il n'est pas difficile d'inventorier des comportements où le mensonge, la dissimulation, les petits arrangements intéressés sont désormais la règle.
C'est sur cette litière que l’extrême droite fait pousser ses germes et l'histoire de la première moitié du siècle dernier délivre sur ce point des enseignements bien clairs.
Si je sens dans le propos de Gérard Filoche le ton juste de la saine colère c'est peut-être en écho à ses années d'adhésion au parti communiste dont il resterait quelques traces d'exigences.
S'il y était resté comme moi plus de quarante ans passés il constaterait avec effroi que le temps de ces exigences est aussi dépassé et que la satisfaction des ambitions personnelles prévaut désormais largement sur le désintéressement de l'engagement politique.
Celles et ceux pour qui la fidélité, la loyauté, la sincérité, l’honnêteté et le respect ont un sens sont décidément bien encombrants dans le monde politique d'aujourd'hui.
Qu'on les écarte, qu'on les fustige, qu'on les méprise, quand bien même on parviendrait à les faire disparaître, les idées et l'idéal qu'ils portent seront toujours au rendez-vous si jamais Héraclès revenait nettoyer les écuries d'Augias.

Accessoirement vous pouvez ré-écouter une émission "Là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet en juin 2010.

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