... les roses se fanent ".
Jean Ferrat chantait le temps des derniers tziganes avec ce refrain qui sonnait comme une oraison désespérée à l'orée d'un temps nouveau qui aurait oublié de préserver ses racines.
La dictature du présent fait que certains osent trouver l'histoire ennuyeuse quand d'autres prétendent sans vergogne être né avant leur grand-mère. Y-a-t-il pire prison que celle d'un aujourd'hui réduit à lui-même ?
Bien sûr quand c'est la loi du plus fort qui domine le monde il est pratique d'oublier à qui et à quoi chacun doit son présent, c'est tout ce qui fait monter la sève des religions marchandes d'éternité ou grimper l'audimat des productions télévisées qui font confondre aux gogos spectateurs écran télé et miroir du salon. Confiner le peuple au présent a toujours été le meilleur outil du pouvoir sans partage qui donne l'illusion du changement en discourant sur la difficulté du présent pour mieux justifier la peine à y faire face.
L'avenir, le futur, le réveil demain ou l'espoir d'après-demain, tout ce qui n'est pas encore n'est aujourd'hui qu'utopie et dessein de liberté en perspective, à une condition suffisante mais aussi nécessaire, c'est que demain ne soit pas que l'abandon d'hier.
L'idée de changement qui fait le fond de tous les discours, même des plus conservateurs, ne porte de promesse qu'à condition qu'elle s'inscrive dans le temps d'un processus liant les trois temps de l'histoire du passé à demain pour faire de l'action d'aujourd'hui le chaînon manquant ou le levier d'aiguillage assurant l'orientation, le cap sur lequel mobiliser les énergies et tisser le lien social et citoyen.
La starisation du monde politique d'aujourd'hui, la course aux mandats ou aux "compétences", tout concourt au désaisissement des citoyens de leur destinée dans un monde où les rendez-vous électoraux seraient les seuls moments d'exercice de la citoyenneté politique. De ce fait, et au-delà des aléas de quelques alternances, il n'y a souvent que l'âge qui vienne à bout de mandats politiques aujourd'hui très professionnalisés.
Avec le temps, les roses se fanent, les fleurs séchées peuvent garder quelques effluves, mais elles auront perdues l'éclat ou la délicatesse de leur couleur comme de leur parfum.
Il serait fort utile d'en soigner la culture, en jardin comme en jardinière, en pépinières ou en plein champ, d'en préserver les espèces pour la ressource des futures générations sans s'interdire quelques greffes utiles au renforcement du caractère ou de la résistance.
Le front de gauche existe, mais la jachère fleurie ne fait pas un parterre.
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