dimanche 29 janvier 2017

La primaire a tiré

Le PS est désailé.


Sur le petit écran de la 2 l'ex-patronne du MEDEF commentait la victoire de Hamon sur Valls en déplorant que ce ne soit pas la bonne gauche qui gagne ce soir...

Suffit-il de ne pas chantonner "j'aime l'entreprise" pour s'en tirer à bon compte et ripoliner un parti depuis toujours expert en marche arrière ? 
Pas si sûr !

La Belle Alliance Populaire : des quatre termes de dénomination de la "primaire" l'article initial peut rester ; quant au reste, l'alliance se joue surtout sur l'air de la division et de l'écartèlement de la gauche social libérale dont Valls disait les deux parties bien irréconciliables et pour ce qui est du populaire, les deux millions d'électeurs de dimanche n'en sont guère qu'une petite extraction. Pour ce qui est du volet esthétique, Belle, il n'est guère sorti que de la méthode de monsieur Coué.

Primaires de la gauche ? Primaires socialistes ? Primaires citoyennes ? 

Au bout du compte le jeu des faire-valoir du premier tour va-t-il clarifier le débat politique ? Pas si sûr puisque, sous réserve qu'un rassemblement opportun vienne cautériser les blessures, c'est surtout un parti assez inaudible autrement que par le gouvernement qu'il soutient qui se retrouve un peu plus nu ce soir, déshabillé à gauche avec la victoire de ceux qui le pressaient de changer de politique pour rester proche des promesses du Bourget, et déshabillé à droite avec la défaite grincheuse des gouvernementalistes qui n'en reviennent pas de s'être fait doubler sur leur droite par Macron...

Le résultat est à la fois très net pour signifier aux socialistes au pouvoir depuis tant d'années que leur choix est désavoué : les "trompés" -pour ne pas employer un terme par trop désobligeant-, se sont réveillés pour soutenir la petite troupe des frondeurs...
Et après ? Quid du rabibochage ? Que valent les embrassades de Solférino ?
Et quelle perspective pour des élections législatives otages des présidentielles ?

C'est un peu comme si les électeurs de la primaire voulaient sauver le PS de ses ruines en s'accrochant à une tendance plus à gauche pour colmater les fuites vers Mélenchon. Mais de ce fait ils ouvrent un boulevard au débauchage de Macron sur l'autre flanc...

Quel port d'attache pour les citoyens de gauche abandonnés depuis tant d'années par un parti communiste phagocyté par ses élus et focalisé sur la préservation de quelques positions électives, le plus souvent sous l'aile bienveillante des socialistes ?

L'hypothèse Mélenchon avec la perspective d'une nouvelle constitution et l'outillage d'une rupture démocratique incontournable ne devrait pas être considérés comme un choix par défaut ou un moindre mal, mais bien plutôt comme une option à faire vivre pour être, sinon certain, tout au moins un peu plus sûr que le changement promis pour maintenant ne soit pas à nouveau ajourné sine die pour cause d'accommodement "réaliste" ou "pragmatique" avec les soi-disant maîtres du monde.


Encore faut-il avoir des causes à défendre plutôt qu'idoles à porter en "hommes providentiels".

Encore faut-il avoir des idées à confronter avec d'autant plus de conviction qu'on peut caractériser les options en présence, ça suppose pour le moins le courage d'afficher la couleur.

Les électeurs des primaires, de droite comme de gauche ont au moins signifié à ceux qui s'inquiétaient de leur choix qu'ils voulaient dégager le paysage des rentiers d'une politique soi-disant "professionnalisée" dans le plus grand amateurisme (le concert des couacs dans tous les camps suffit à en témoigner).

Ne pas en tirer les leçons, c'est jouer avec le feu quand l'extrême droite est à l’affût.

Pour Martine Aubry, la vengeance est un plat qui se mange froid...
Au fait, que mangeait-on sur le radeau de la Méduse ?

Ce que signe cette élection privée c'est surtout un règlement de compte entre amis ; jadis c'est dans leur congrès que les tendances socialistes s'étripaient pour gagner l'éligibilité ; désormais avec un parti inféodé à ses grands élus en place, les modalités évoluent et d'autres terrains de jeu sont investis pour en découdre. Encore insuffisant cependant, cette mascarade démocratique qui instille l'idée "neuve" du vote payant ne satisfait pas la visée transgressive des socialistes qui suivaient Valls ou qui ont sautés "en marche" pour suivre Macron côté cour les conduira à torpiller leur "primaire", comme c'est déjà fait avec Macron en la considérant comme un non-événement ou comme les soutiens de Valls qui vont se mettre en vacances pour les uns et forcer la main de Hamon pour l'aider à refroidir son eau tiède.

L'important dans cette ultime tentative de sauvetage du Parti socialiste (cf. Cambadélis en arbitre du ring tenant la main basse à Valls en levant celle de Hamon à l'insu de son plein gré !), c'est bien qu'elle n'est que ça ; dès lors que le discours officiel va tourner sur le rassemblement et l'unité retrouvée dès le jour d'après et que l'objectif s'affiche sans pudeur aucune : se proclamer le pivot naturel et incontestable de la gauche seul légitime à incarner le rassemblement, affaiblir Mélenchon en s'érigeant en Bon Jeune Ouvert face à un vieux radical grincheux.

Dans une situation comme celle-là il est vraiment dommage qu'il n'y ait plus de parti communiste, pas dans la compétition d'un premier tour pour sortir de poule, mais dans la vie politique ordinaire, militante et riche d'idées, en capacité d'être écouté parce que son propos viserait à mobiliser les citoyens sur leurs attentes, les aidant à comprendre leur monde pour mieux en dessiner les évolutions et en maîtriser la conduite.

La vraie-fausse coopérative du front de Gauche n'a pas suffi hier, la sous-traitance à Mélenchon ne suffit pas non plus aujourd'hui pour éviter le piège des socialistes tendus par Mitterrand et qui s'est refermé depuis longtemps. Parler des Amis communistes ne suffit pas non plus pour en porter le costume qui sera toujours trop juste pour masquer la graisse de l'ambition.




NB : au fait, il en est où, le Front de Gauche ? Et celles et ceux qui s'en sont réclamé pour être élus en soldent-ils l'étiquette aujourd'hui ? pour revendiquer quelle appartenance ? Question superflue d’ailleurs puisqu’il leur suffit d’être.

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