vendredi 4 septembre 2015

L'entourloupe réactionnaire

Le paysage politique semblerait aujourd'hui complètement verrouillé dans un duo rose et bleu dansant autour du pantin bleu marine dont chacun à son tour tire les ficelles. Citoyenneté ratatinée, ces thuriféraires interchangeables ne prêchent que fatalisme et renoncement. Quelle différence faire entre le trio Hollande-Valls-Macron et le cabinet noir  que dirigerait Sarkozy équipé du même premier ministre et du même ministre de l'économie.
Le MEDEF n'en redemande pour la forme que lorsqu'il reprend son souffle, pupilles exorbitées, après l'apnée déclenchée par Macron à son université d'été. Peut-il espérer mieux ?
Et les français ballots seraient condamnés au non choix de ce triste spectacle...
L'inconsistance et les gesticulations dérisoires de ce qui reste de la gauche les y condamneraient durablement...
Ce serait sans compter sur les ressorts ancestraux de ce qui fit en France La Révolution et ses révolutions héritières, la Commune de Paris, le J'accuse de Zola et le râle pacifiste de Jaurès, la Résistance et les luttes anticolonialistes... il subsiste dans le patrimoine génétique de la citoyenneté française les maillons pour l'instant brisés d'une conscience politique républicaine, d'une souveraineté populaire légitime ; encore faudrait-il qu'on les rattache.
Il n'y a pas de fatalité à l'asservissement libéral sous la férule du capital.
Il suffirait peut-être de redessiner les idées du progrès et de la justice sociale, une bonne base idéologique qui rende les hommes et les femmes capables de comprendre le sort qui leur est fait et de se mobiliser pour regagner la maîtrise de leur propre vie.
L'actualité regorge de sujets propices à cette reconquête de la liberté de penser "autrement" qu'en avalant les couleuvres du "travailler plus pour gagner plus", de "l'inversion de la courbe du chômage", de la "baisse du coût du travail", de la "baisse d'impôts"de la "lutte contre le changement climatique", ou de la "lutte contre le terrorisme"... Il suffirait parfois d'ouvrir les yeux pour mesurer l'écart de la parole aux actes, de démasquer le mensonge institutionnel et les slogans malicieux qui cachent l'esclavage moderne des travailleurs détachés ou tâcherons auto entrepreneurs, les licenciements massifs, l'accaparement de la plus-value dégagée du travail par le capital spéculatif, les transferts de charges du moins d'Etat pour plus d'inégalités dans une jungle territoriale concurrentielle, des lois et des conduites liberticides au prétexte de la sécurité de peuples mis sous surveillance, des pompiers pyromanes mettant le monde à feu et à sang au prétexte de le pacifier...
En d'autres temps des hommes pensaient le monde autrement qu'au profit de quelques uns au détriment de la masse des autres. En existe-t-il encore quand leurs héritiers se complaisent dans les petits arrangements politiciens susceptibles de leur conserver la place concédée par des concurrents ou des adversaires satisfaits de s'en être fait des obligés.
C'est sous cet angle peu glorieux qu'il faut bien voir les errements des forces de gauche qui se sont tellement déchirées qu'elles s'activent aujourd'hui à produire une multitude de modèles de rassemblement pour les prochaines échéances électorales face à la menace de la droite et à la complaisance libérale des socio-démocrates. 
Les démissions récentes d'élus écologistes de leur parti sont symptomatiques.
Ils n'ont pas démissionné de leur mandat, nécessairement acquis de l'investiture de leur parti et de l'engagement de son électorat... il frayent là où ils imaginent trouver l'herbe plus grasse.
Au moins apportent-ils la preuve que l'écologie n'a pas lieu d'être formée en parti politique mais bien plutôt de nourrir un volet d'une politique, fut-elle de droite, de gauche, ou d'ailleurs.
La course à l'échalote dans un "Front de Gauche" où on ne sait plus très bien discerner les membres permanents des coucous opportunistes pour faire de plus en plus de place aux "sans parti", candidats cooptés dans le monde syndical, associatif ou dit de la "société civile" laisse à penser que les adhérents engagés dans une organisation ne sont guère mieux considérés que la chair à canons des tranchées de 14 scellant la gloire de généraux planqués.
Ces errements qui nourrissent le désenchantement des électeurs et la désespérance sociale ne sortent que d'un ramollissement idéologique à gauche qui laisse le champ libre aux idéologies de droite et d'extrême droite pour obliger les pauvres à "vivre ensemble", à développer leurs solidarités sous les généreux auspices des pouvoirs publics qui les encouragent à se débrouiller à l'écart de la petite caste des privilégiés qui se gavent toujours plus.

La révolution ferait-elle aujourd'hui plus de victimes que le monde d'injustice et de misère en produit  quotidiennement ?

Elle ne passera pas par la conquête de "haute lutte" d'un mandat de vice-président de conseil régional, pas plus qu'elle ne fut accouchée par quelques "grands soirs" électoraux fortifiant l'illusion démocratique.

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