vendredi 11 septembre 2015

Bienvenue chez vous


Marie Sklodowska, émigrée polonaise naturalisée française en épousant Pierre Curie fut double prix Nobel…
Georges Politzer était né en Hongrie, réfugié en France en 1921 pour poursuivre ses études de philosophie, cet agrégé de philosophie avait obtenu la nationalité française en 1924 ; il sera fusillé au Mont Valérien, tout comme Joseph Epstein, exilé de Pologne en 1931. Charlotte Delbo était née de parents italiens et Boris Taslitzky était fils d’émigrés russes.
Missak Manouchian, né dans une famille paysanne aux confins de la Turquie, son père assassiné dans le génocide arménien, orphelin pris en charge par une famille kurde au Liban sous contrôle français en 1918, immigré clandestin débarquant à Marseille avec son frère en 1925, ouvrier menuisier, il sera victime de la crise de 1930 et se tournera alors vers des activités intellectuelles, étudiant à la Sorbonne, poète et journaliste… figure emblématique de « l’affiche rouge », le réfugié arménien de Turquie, Syrie et Liban était fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien. 
Vassily Kandinsky émigré de Russie en Allemagne et devenu français en 1939, peintre majeur du XXème siècle avec un autre, Picasso, né en Espagne, mais qui vécut l’essentiel de sa vie d’artiste en France...
Il en est aussi des centaines et des centaines de milliers d’autres, artisans de leurs mains comme de leur tête, qui ont donné de tout leur corps et leur talent de travailleur aux mines du Nord ou de Lorraine, à la chaîne des usines ou aux tâches des champs…
Des immigrés ont fait la France… Le hasard des migrations n’a pas manqué non plus de donner au pays nombre de ministres de la République et parfois même un président…
Aussi la situation dramatique des migrants d’aujourd’hui, chassés de leur pays par la violence de la guerre, du fanatisme religieux ou de la misère ne peut qu’interpeler tout citoyen attaché aux droits de l’homme, à la liberté et à la paix.
Le propos généreux d’un vieil alsacien dont le petit village se propose d’accueillir deux familles déracinées n’a pas fait la Une des médias… et pourtant, en faisant référence à l’accueil des familles du Gers qui l’avaient recueilli après qu’il ait dû quitter l’Alsace de sa jeunesse occupée par les nazis vaut bien tous les effets de manches et les discours qui tournent le dos aux valeurs de la République en agitant toutes les peurs les plus irrationnelles. Ces zélateurs de la fermeture des frontières et des cœurs ont-ils les mêmes exigences quand, dans l’autre sens, quelques grandes fortunes émigrent pour soustraire leur juste contribution au bien commun du pays ?
Le paradis fiscal des uns serait-il plus supportable que l’enfer des autres ?
Les valeurs de la République remises en chantier dans le programme du CNR dans le tumulte de la guerre pour être rétablies avec la démocratie à la Libération ne doivent-elles pas nous signifier l’urgence de l’ouverture de nos portes et de nos cœurs.
Ensuite, passé l’urgence de l’asile, le traitement des causes s’imposera à la communauté internationale, autrement que dans la logique de gendarme de l'ordre capitaliste.

Les peuples du monde ont chacun leur place et tous ont besoin de vivre en coopérant plutôt qu'en s'affrontant au fallacieux prétexte d'une croyance imbécile en un dieu de banque ou de chapelle.

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