mercredi 17 septembre 2014

Tiens, des sous !

Du soutien scolaire apporté à domicile par des professeurs de l'Education Nationale, un marché en plein développement s'affiche avec les enseignes de grandes maisons d'éditions qui se font entremetteuses pour une clientèle apeurée par l'échec scolaire et surtout friande de réussite dans un monde où la concurrence fait rage jusque sur les bancs de l'école.

Question 1 : les promoteurs de cette offre lucrative ont-ils gémi quand les gouvernements successifs ont mis à mal l'école de la République depuis plusieurs décennies de réformes d'économies budgétaires ?

Question 2 : les enseignants si mal payés qu'ils s'obligent à vendre leurs services à des usagers qu'ils ne satisfont pas dans leur service ordinaire ont-ils manifesté quand les gouvernements successifs ont mis à mal l'école de la République depuis plusieurs décennies de réformes d'économies budgétaires ?

Question 3 : Comment des enseignants dont les conditions de travail n'ont cessé de se dégrader depuis plusieurs années, -effectifs des classes, services partagés, changement de programmes, etc.- trouvent-ils le temps de distribuer leur bienfaits en marge d'une activité professionnelle à temps plein ?

Question 4 : les parents prescripteurs de ces suppléments d'enseignement pour leurs enfants ont-ils tant trop d'argent à dispenser quand ils se plaignent habituellement du coût exorbitant d'une rentrée scolaire ? Et comment font-ils donc pour accorder plus de confiance à un enseignant qui dégage de son temps d'activité professionnelle à des fins lucratives, affichant de la sorte leur insatisfaction du travail prodigué par les professeurs de leur progéniture à l'école, au collège ou au lycée ?
Que voilà un bel exemple d'apprentissage du chacun pour soi sur le dos des autres.
Sans compter que ces pratiques ont à peu près autant d'effet que le redoublement...

La République a déjà l'école bien malade dans l'inégalité de traitement de ses citoyens dès leur plus jeune âge. Il suffit pour s'en convaincre de mettre en regard les moyens qu'elle consacre à la reproduction de ses élites en classe prépa avec ceux qu'elle accorde aux bougres des quartiers ou des campagnes...

Question subsidiaire : les pouvoirs publics observateurs de cette situation consécutive aux effets des politiques publiques en matière éducative n'ont-ils pas raison de s'en amuser puisque le désengagement de l'Etat et l'explosion inégalitaire des différentes formes de relocalisation transfère la charge sur le "client final" pour peu qu'il en ait les moyens financiers et qu'il comprenne le vrai sens de l'école.

L'école fait société, et la société délabrée d'aujourd'hui ne fait qu'aggraver le délabrement de son école.
Fallait-il ajouter la réforme des rythmes scolaires pour chahuter un peu plus le Radeau de la Méduse ?

En l'espace de quelques décennies ce sont des siècles d'efforts accomplis pour ouvrir l'école au peuple qui partent en poussière de craie.
L'école est devenue école des marchands pressés de confiner les jeunes et leurs parents dans la logique lucrative de la consommation.

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