A-t-on jamais vu pareille traversée du désert en campagne électorale ? Voter dimanche prochain ? combien de citoyens français savent aujourd'hui pour qui et pour quoi les urnes les attendent le dimanche 25 mai ?
Aucun matériel électoral n'est arrivé au domicile des électeurs...
Ici on attend 25 listes en compétition puisque les panneaux électoraux installés sont numérotés jusqu'à 25...
Qui sont donc ces plus de deux douzaines de candidatures en lice ?
Les médias se contentent d'entretenir la confusion avec la promotion d'un FN dont on rabâche depuis des semaines et des mois qu'il risque de virer en tête ; et il n'y a là qu'un seul tour... Ainsi la gagne serait à porté de bulletin en France pour l'extrême droite ?
A force de le dire...
Et surtout à force de désespérance entretenue par une droite tellement décomplexée qu'elle en oublie un des principes fondamentaux de notre constitution qui fait de la France une "République sociale"....
Et surtout à force de désespérance entretenue par des socialistes tellement apeurés à l'idée de conduire à gauche qu'ils ferment les yeux sur leurs promesses d'hier ; un peu comme des gamins dans le panier du side-car à qui on aurait donné un petit volant en plastique pour qu'ils se tiennent tranquilles en croyant qu'ils conduisent pendant que la droite reste au guidon les yeux rivés sur le GPS du capital...
Et surtout à force de désespérance entretenue par des communistes tellement inquiets à l'idée d'assumer leur héritage qu'ils concourent au prix du second rôle de Sancho Pança derrière un Mélenchon Don Quichotte guerroyant contre les moulins à vent à la tête de troupes aussi maigres qu'elles sont désarmées et désorganisées...
Lorsqu'on se félicite de l'adhésion que suscite Siriza en Grèce avec Tsipras, il ne faut pas oublier le processus qui y conduisit. La crise par laquelle est passée la Grèce et dont elle crève à petit feu, doit beaucoup à l'appétit capitaliste des financiers d'Europe et d'ailleurs qui n'a de cesse de saigner les peuples pour se gonfler la bedaine de profits.
Mais elle doit aussi à la droite qui l'a gouvernée dans la logique dite "ultralibérale" pour ne pas citer le capital...
Mais elle le doit aussi aux socialistes du PASOK qui l'ont gouvernée sur le versant social libéral de la dérive social-démocrate engagée dans tous les pays d'Europe...
Aube Dorée, parti néo fasciste, est arrivé en Grèce sur l'échiquier politique avec l'alliance objective de la droite et des socialistes qui gouverne aujourd'hui le pays aux ordres d'une Troïka européenne chienne de garde du capital...
La France n'en est pas là encore ! Le virage social libéral de François Hollande dès le lendemain de son élection, confirmé récemment avec la nomination de Valls à Matignon, ne sera abouti qu'avec l'alliance tant attendue au centre du jeu politicien comme en Allemagne ou en Grèce. Et le jour venu on nous vendra cette solution incontournable comme le nec plus ultra de la démocratie, le dépassement des partis (déjà acté dans la stratégie du Front de Gauche), la conduite apaisée des affaires du pays et surtout la consécration de la remise des clés du pouvoir politique aux forces économiques du capital.
C'est dans cette perspective que la montée du FN devient effectivement inquiétante car elle préfigure l'installation dans l'imaginaire collectif des pires ennemis de la démocratie dans le rôle du recours. Et c'est à force de démissions des forces de gauche qui ont signé tant d'abandons en rase campagne, de compromissions vénales troquant un pan idéologique pour un lambeau de pouvoir, que le recul de la confiance et de l'engagement citoyens ont fait exploser le parti pris de l'abstention.
C'est à cette dangereuse dérive que conduit l'abandon des exigences éthiques de la politique. Le jeu des coucheries au FMI, dans les coulisses de l'Elysée ou dans nos campagnes n'en sont que la plus dérisoire illustration de la légèreté méprisante des détenteurs du pouvoir (la noblesse ou le clergé d'avant hier avaient tracé la voie).
Les écarts de conduite avec l'argent dans tant de scandales politico-financiers font écho aux comportement des chasseurs de mandats qui à leur petite échelle sont aussi indispensables au service des autres que leurs indemnités de fonction le sont au complément de revenus que leur travail peine à produire. Il semble aujourd'hui naturel de parler de "professionnalisation" de la politique ; pour qu'il en soit ainsi - et ce serait dommageable à la démocratie- encore faudrait-il que les compétences soient au rendez-vous ! Et chacun sait qu'une élection ne conclut pas un parcours de formation pas plus qu'elle ne sanctionne les épreuves d'un concours administratif.
C'est aussi cette dérive antidémocratique de trois décennies d'accompagnement de la "décentralisation" qui produit l'effet de la désaffection des électeurs qui ont bien constaté que la proximité revendiquée des élus de territoires éclatés masque de plus en plus mal la mission de chef de service qu'ils s'assignent pour exercer les "compétences" qui leur sont dévolues, le plus souvent sans moyens ni marges de manœuvre, simples exécutants d'une politique qui n'est pas la leur.
Et si on votait communiste dimanche prochain... si possible après avoir relu le volet socio-économique du Programme du Conseil National de la Résistance(*), ça peut éclairer le bon choix parmi 25 bulletins.
(*) : que le principal rédacteur en fut Pierre Villon rappelle que les communistes savaient par le passé être utiles avant que d'être élus.
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