mardi 2 juin 2020

l'après pire

2S2C : à lire dans l'expresso du Café Pédagogique...
Avec le pire ministre de l'éducation nationale que notre République ait connu depuis des lustres de droite la crise sanitaire offre une formidable oppportunité dans l'accélération du dépecage de notre système éducatif...
2S2C, le sigle barbare identifie une nouvelle barbarie : sortir éducation sportive, éducation à la santé, éducation artistique et éducation civique du champ scolaire pour en confier la mission aux collectivités locales dans un champ d'activité périscolaires.
Au prétexte d'occuper la part des jeunes privés d'école par un déconfinement sous protocole le ballon d'essai est lancé ! Et ne doutons pas que nombre d'élus vont se sentir pousser des ailes comme ce fut le cas avec les activités mises en place à l'occasion de la refonte des rythmes scolaires...
D'une éducation Nationale -certes très inégalitaires aussi bien dans l'espace social que dans l'espace territorial- va succéder une éducation locale livrée au hazard des opportunités et des incompétences locales... 
Côté sport, à Pau les gamins ne manqueront pas de faire du kayak avec le beau parcours du grand Stade des Eaux Vives... Mais au Theil ou à Deux-Chaises ?
Côté santé... il est assez difficile d'imaginer le service de santé scolaire dépouillé jusqu'à l'os faire oeuvre utile ; quant aux personnels de santé accaparés par des tâches qui les épuisent, peut-on imaginer qu'ils soient une ressource mobilisable ?
Côté culture, quand on sait que la plupart des gamins des quartiers hors du périphérique ne connaissent pas la couleur de la Tour Eiffel ou la pyramide du Louvre autrement qu'à travers la télé, il est assez probable que les gamins de nos térritoires ruraux abandonnés depuis des décennies aux seules ressources de la débrouillardise de survie ne sentent guère de changement à la nouvellle donne des panseurs du capital.
Côté civisme... Quelles ressources municipales vont bien pouvoir être mobilisées pour pourvoir à l'encadrement d'activités propres à l'éducation des jeunes générations quand on voit l'état des cohortes d'élus en place et la vie citoyenne qu'ils suscitent... Pire encore dans les municipalité de droite ou d'extrème droite, les dogmatiques de l'ordre vont pouvoir recycler quelques militaires à la retraite pour faire antonner "Président nous voilà !" ddans les cours de récréation.
Mais le pire n'est-il pas dans l'amputation du champ d'intervention des professionnels de l'éducation que sont les enseignants.
Grands laudateurs des neurosciences, les pontes de l'éduvcation nationale macronienne en oublient quelques fondamentaux en matière d'éducation ; la complexité des mécanismes d'apprentissage et l'infini des interactions sociales dans la construction des savoirs mettent l'école aux antipode des ateliers robotisables de l'industrie dans un monde ou la sous-traitance est devenue la règle pour optimiser les profits. Nombre de missions sont externalisées au point que la hiérarchie des tâches accentue celle qui morcelle déjà la société.
Le constat des difficultés accrues pour l'école avait déjà été fait avec le développement des activités périscolaires assurées sous la responsabilité des collectivités ; les enfants ne manquaient pas de jouer sur les ressorts d'une concurrence faussée entre les deux mondes, des activités ludiques avec de gentils animateurs prenant le pas sur les préoccupations plus exigentes de l'activité scolaire. Pour peu qu'un encadrement défaillant en formation exploite des ressources grapillées ici ou là sans maîtrise et le hiatus entre les activités pouvait rapidement tourner au désastre en matière d'apprentissage...
Les enseignants devenus professeurs des écoles sont d'abord des "instituteurs" et des "institutrices", celles et ceux qui posent les fondements préfigurant le développement des trois grands savoirs : savoir, savoir-faire et savoir être.
D'autres y contribuent évidemment : la famille en premier lieu dans l'ordre de la transmission intergénérationnelle et des interactions sociales de la microsociété familiale, et plus largement de façon pluis diffuse le cadre social dans lequel vont se transmettre les particularismes territoriaux  et s'expérimenter les pratiques citoyennes.
Mais l'école  reste le lieu incontournable où vont se fonder les bases d'une éducation commune dans des apprentissages partagés.
La singularité de l'enseignant de l'école maternelle ou primaire se charpente autour d'une pluridisciplinarité fort utile au service des interdépendances des apprentissages fondamentaux. Et cette singularité permet de mieux servir celle des élèves en les repérant pour mieux les exploiter.
Plus tard dans la solarité, les disciplines séparées dans les filières prennent  le pas pour spécialiser les formations ; mais au niveau de l'école le saucissonnage des apprentissages donnant à penser que les spécialistes servent mieux la généralité des apprentissages de base constitue une erreur préjudiciable aux plus fragiles.
Une telle pratique ne peut qu'exacerber les différences et encourager les plus jeunes à concentrer leurs efforts dans leurs domaines de prédilection, négligeant la nécessité de l'établissement d'un socle intégrant tous les champs de l'expression comme de l'appréhension  du monde.
Le sport ou la santé sont indissociable des sciences biologiques ou physiques. Le culture et l'éducation artistiques sont intimement liées au couple lire-écrire qui se nourrit de textes en littérature, de mélodies en musique ou d'harmonies colorées et de formes en arts plastiques. Ce sont tous ces liens que les enseignants établissent à l'école de la citoyenneté dans le collectif de leur classe.
Les objectifs ministériels poursuivi avec les 2S2C ne sont rien d'autre que de poursuivre dans la voie du "moins d'école", pendant du "moins d'Etat" dans le domaine éducatif.
L'appel au périscolaire en lieu et place des temps d'enseignement est ancré dans ses réflexions. L'avenir de l’École pourrait être moins d'école. Le 2S2C s'installe.
Nous ne devrions pas être étonnés de voir s'y ajouter un autre vestige du temps de la crise sanitaire avezc le travail à distance dont il est question qu'il prenne sa place dans le secondaire et le supérieur de façon plu ample et régulière.
Décharger les professeurs des écoles de l'enseignement des sports, de la santé, des arts et de la culture, de la citoyenneté va leur dégager du temps pour un enseignement distanciel qui pourrait utilement remplacer les remplacements de professeurs absents... Sans compter les bouleversements dans les conditions de travail d'enseignants soumis aux exigences des services extérieurs assurant les enseignements que l'institution leur retire...
Une telle perspective sonne le glas de l'institution de l'EDUCATION NATIONALE.

Sans compter que le défaut de compétences dans les collectivités sollicités pour assutrer les missions nouvelles devrait se croiser avec un  défaut des moyens matériels et financiers souvent avancé par les élus et qui laisse présager des solutions bricolées à la fortune du pôt territorial... 

"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens..." (extrait de l'article premier de la constitution de notre République).

Qu'en reste-t-il ? une liberté très surveillée quand la loi d'exception devient l'ordinaire, des inégalités croissantes de Fauchon-Wuitton à Lidl-Tati, et une fraternité confinée dans les replis communautaires d'un archipel social éclaté par la montée des peurs.

Pour saisir un exemple concret de réponse favorable du local à la demande gouvernementale des 2S2C on peut se rendre par ICI . Cherchez les contenus de l'offre et l'affichage des moyens mis en oeuvres qui pourraient déterminer le choix des parents...

Aucun commentaire: