vendredi 6 décembre 2019

retraithon, usine à cochons, téléthon,

Même combat !
Hier, enfin,  le réveil a sonné !
Le rendez-vous revendicatif du 5 décembre a sonné, un peu comme le glas du vieux monde de Macron ! 2500 manifestants à Moulins, autant à Vichy et mille de plus à Montluçon... Plus de deux millions de talons sur la route des manifestations, des rails qui rouille, des "bus Macron" briseurs de grève qui ne roulent pas, quasiment vides et coincés dans les embouteillages... Tant d'écoles fermées, tant de compréhension, ça se mérite et ça impose un devoir de suite à celles et ceux qui ont entamé la longue marche de la résistance.
Mais rien n'est gagné tant que les thuriféraires du capital branleront l'encensoir du MEDEF et dégoupilleront le goupillon policier.
La porte est juste entrebâillée, elle s'ouvre sur demain, sur mardi, sur l'avenir.
La cause de la mobilisation populaire contre les projets gouvernementaux est comprise et elle rassemble des gens d'horizons bien divers ; cela faisait bien longtemps qu'on n'avait pas pu mesurer une telle ambiance.
Bien sûr, les quelques "gilets jaunes" qui marchaient hier pouvaient considérer que "ce n'est pas avec ça qu'on va gagner" -en faisant référence à la tranquillité de la manifestation-... Peut-être n'avaient-ils pas saisi qu'il s'agissait plus de la détermination et de la sérénité des causes justes que de résignation.
Les paroles du pouvoir en place sont éblouissantes de leur culture hors-sol, gavées des tics de langage et des recettes de mauvaise communication qui en trahissent l'artificialité.
L'enjeu de la lutte engagée contre la réforme des retraites couvre bien plus largement la contestation d'un régime tout entier orienté vers la satisfaction de l'appétit des requins de la finances au mépris de la faim de justice sociale de notre peuple parmi tous les autres fatigués sur une planète épuisée. La résistance s'organise...

Du macrocosme planétaire au microcosme local, il n' y a qu'un pas, c'est celui de projets déraisonnables comme celui de l'installation d'une porcherie industrielle de 3000 cochons dans le bocage bourbonnais...
S'en inquiéter aujourd'hui serait coupable d'entrave à la modernité, d’imbécillité ignorante d'une marche du monde que quelques aveugles prétendent montrer en exemple à l'instar des réussites "agricoles" des USA ou du Brésil...
Et pourtant les autorités publiques qui ont dégraissé la réglementation pour faire passer des dossiers de la catégorie "à autoriser" à celle qu'il suffit de "déclarer" ne manquent pas de prétendre que la république est en marche... effectivement en marche vers plus de sujétion aux appétits des financiers, et au plus grand mépris des populations de citoyens consommateurs sur une planète asphyxiée.
Si l'activité humaine engendre parfois son lot de produits profitables à la vie alentours... elle enfante aussi, assez systématiquement pour qu'on y soit attentif, quelques désagréments... Certains évoqueraient ici la belle couleur jaune orangée des champs glyphosatés (qui n'est pas sans rappeler les expériences vietnamiennes des Etats Unis avec l'Agent Orange) avant que de nouvelles semailles s'accompagnent des apports d'intrants exigés par les plantes qui ne passent plus sur terre que comme les jeunes pousses des start-up en bureaux partagés. Là ou ailleurs, ça n'a pas d'importance, pourvu que la  puissance publique ait installé les réseaux, les conditions d'exploitations. Là ou ailleurs, pas d'importance, pourvu que la banque flaire la bonne occase avec un marché chinois porteur aujourd'hui, et un "trou du cul du monde" où il serait curieux qu'un peu d'intelligence ait survécu après tant d'années de mise en jachère des services publics et de la citoyenneté.
Une règle simple pourrait pourtant s'appliquer : élève des cochons tant que tu veux, des hannetons ou des poissons rouges, c'est ta liberté, tant que tu es en capacité d'en "digérer les effluents"...  Ce serait le rétablissement du simple équilibre dont la nature  a besoin et qui est mis à mal par les prétentions profitables du capital. Ce n'est pas un hasard si, aujourd'hui, des pays d'Extrême Orient ou d’Afrique s'émeuvent d'être devenus la poubelle de l'Europe ou des Etats-Unis qui les gavent de containers de déchets... Le fumier des cochons n'est en rien différent, et n'a pas vocation à voyager par nos chemins pour fumer à bon marché des cultures d'ailleurs dont les récoltes se négocieront à la bourse, sans jamais faire le pain de nos boulangeries... ni le jambon d'une charcuterie euthanasiée. Il reste des résistances...

Les fonds rassemblés par le Téléthon ont permis l'avancée, et parfois l'aboutissement, de merveilleuses recherches... Que d'espoirs pour les malades atteints de tant de maladies dites "rares", orphelines"... de celles dont le marché de la guérison n'est pas considéré comme assez rentable par l'industrie pharmaceutique pour y consacrer les crédits de recherche indispensables...
Dans la rue d'à coté c'est l'EHPAD qui gémit, les Urgences en embolies, le désert médical...
A quoi ça sert d'avoir une République en marche si elle n'est capable que de servir un meilleur CICE aux firmes industrielles de la santé en même temps qu'elle saigne la santé publique en court-circuitant l'hôpital public des Urgences à la morgue ?
La réussite du Téléthon, souffrant de la stagnation des résultats de sa collecte et de l’épuisement des équipes locales d'animation qui le portent, témoigne de la persistance du bien dans des esprits citoyens qui ne se résolvent pas à supporter indéfiniment l'occupation de notre république par les garde-chiourmes de la finance. La solidarité, l'ouverture aux autres n'est pas un vain mot (et souvent pour les plus modestes), et ces postures généreuses, riches d'humanité, persistent dans les difficultés du moment. Et c'est tant mieux ! Secours Pop, ou secours catho, Restos du Coeur ou Sidaction... La mobilisation citoyenne résiste au rouleau compresseur de l'individualisme forcené porté par les politiques publiques depuis des décennies. C'est un beau geste de résistance...

Sans confusion aucune, toutes ces causes, et bien d'autres, relèvent d'une même contestation, celle du régime mortifère de l'argent-roi ;  des nuisances du capitalisme pour l'humanité, de l'entre-soi local jusqu'à l'échelle planétaire, la pression de l'exploitation capitaliste des richesses de la terre et du vivant qu'elle porte atteint le seuil de l'insupportable, il est tout naturellement juste et louable que la Résistance s'active...

Jadis au siècle dernier, le CNR, enfanté avec Jean Moulin dans le cataclysme de la guerre, avait fait le bel enfant d'un programme mis en oeuvre en partie à la Libération et qui avait permis à notre peuple de sortir dignement de ses ruines : nationalisation des banques, de l'assurance, du transport aérien, de l'énergie, gaz, électricité, charbonnages...
L'enjeu reste aujourd'hui du même ordre : redonner aux peuples la maîtrise de leur destinée en les émancipant de la dictature des marchés financiers.

De  la même façon que les ambitions de la Résistance victorieuse à la libération ont été très tôt écornées par les survivances revanchardes des 100 familles d'avant-guerre, toute avancée n'est jamais acquise et mérite d'être défendue, y compris et surtout quand notre pays vient de décrocher le triste privilège d'héberger la troisième fortune mondiale passée de 73 à 92 milliards d'euros l'an dernier...
Quand on vous dit qu'il n'y a plus d'argent...


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