vendredi 8 février 2019

Pouvoir d'achat ?

Dans la tourmente de la crise des Gilets Jaunes et du Grand Débat réunis, la question du "pouvoir d'achat" fait partie des questions récurrentes.

Pour trouver les bonnes réponses, encore faudrait-il poser les bonnes questions.
Du pouvoir d'achat, les multimillionnaires en ont gagné avec la suppression de l'ISF, la Flat-tax, exit-tax, etc. Ils peuvent acheter plus chez Fauchon ou chez Hermès !

Avec le subterfuge de la "prime d'activité augmentée", parmi les plus déshérités il en est qui gagnent un peu aussi... Ils peuvent ajouter une bricole à leur caddie chez Lidl ou chez Aldi !

Ces gains de pouvoir d'achat participent à la progression du poison social que sont les inégalités.

Ces augmentations du "pouvoir  d'achat" ne sont financées que par les contribuables dont la recette des contributions est amputée des cadeaux faits aux riches et des miettes distribuées aux plus faibles. C'est de la dépense publique qui va faire défaut aux vrais besoins de services publics en matière de santé, d'éducation, de mobilité, d'accès au logement ou à l'énergie.

C'est à l'employeur de payer le salaire en contrepartie du travail fourni par le salarié, pas à l'Etat !

Et pendant ce temps-là, on ne touche pas au grisbi, le capital est épargné et continue de prospérer et de nourrir son obésité de prélèvements sans cesse grandissants de ses dividendes sur les fruits du travail.

Depuis des décennies la part de plus-value redistribuée dans les salaires ne cesse de diminuer pendant que -vases communicants - celle qui rémunère le capital n'en finit pas de croître ; et, cerise sur le gâteau, le prélèvement de la puissance publique opéré par l'impôt sur les sociétés a tendance à diminuer au prétexte de la réduction du "coût du travail".

Après un pic à plus de 75% à la charnière du renoncement de 1983 quand Mitterrand prend son virage à droite des politiques libérales, la part des salaires dans la plue-value retombe 25 ans plus tard à son niveau de 1950 dans la reconstruction d'après-guerre !

Quand la part des dividendes dans le revenu des entreprises a doublé entre 1998 et 2013, passant respectivement de 4,6 % à 9,5 %, on comprend aisément que celle des salaires et de ressources consacrées à l'investissement décroissent parallèlement.

Cette orientation est mortifère pour la croissance économique qui est asséchée par défaut de ressources disponibles pour absorber la production d'un côté et par accumulation spéculative de l'autre.

Dans le même temps, la formidable inégalité dans l'espace économique entre les petites et moyennes entreprises qui sont asphyxiées par la faiblesse de la demande ou les exigences de la sous-traitance, et les plus grandes qui obtiennent des taux de profitabilité extraordinaires à force combinée de pression sociale et d'aides publiques ne cesse de croître.

Les inégalités se creusent d'autant plus vite que la puissance publique propose des amortisseurs dérisoires et se réfugie derrière le rideau de fumée des organisations caritatives auxquelles elle délègue la correction de ses insuffisances, Restos du cœur, Secours divers, etc.

Ce qu'il faut augmenter, ce sont les salaires et les pensions de retraite, le salaire net comme le brut en juste restitution du prix du labeur consenti par les travailleurs dans l'immédiateté de leur effort (salaire net) tout comme dans la nécessaire préservation de leur force de travail qui peut être affectée par la maladie, la vieillesse ou tout autre accident de la vie  (part du brut, salaire différé au travers des cotisations sociales).
Il est particulièrement dangereux de faire péricliter la part des cotisations salariés comme employeurs au profit d'un support fiscal qui en mettrait l'évolution et l'existence à la merci du pouvoir politique au vote de chaque budget...
La perspective de la réforme des retraite projetée par le gouvernement en est un exemple flagrant avec un système par points dont la valeur et son évolution serait justement entre les mains du pouvoir politique : le salaire, comme la protection sociale qui en est une part indissociable, appartient aux salariés.
Le salaire est un droit du salarié au même titre qu'il est un devoir de l'employeur.
D'ailleurs, contrairement à l'appétit sans borne des actionnaires exigeant des dividendes croissant dix fois plus vite que la production, les travailleurs exigent tout autant qu'une part des profits dégagés par l'activité soit affectée à l'investissement pour la maintenance et le développement de l'outil de production que la juste part de leur rémunération évolue également en conséquence.

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