dimanche 12 février 2017

Branchitude

Si vous arpentez les allées d'une foire exposition, d'une année sur l'autre, vous sentez quelques tendances se dégager. Du classique, l'ameublement offre toujours son meilleur en quantité dans les grands espaces, très certainement les plus chers... Pour le reste, la présence d'une famille de produits sur de multiples stands désigne les vainqueurs du hit-parade. Tantôt c'était le poêle à bois, ou l'isolation des combles,,, L'énergie ! Et cette année, les marchands de panneaux solaires semblent avoir retrouvé une nouvelle jeunesse.
L'agressivité commerciale dans ce secteur tient certainement à cette présence massive, avec tant de concurrence, difficile de ne pas partager la clientèle des chalands. Et puis les conditions ont évolué qui sont soulignées dans tous les argumentaires. Ce sont ces constantes qui signent cette nouvelle forme d'entourloupe :
la simplicité sans dégradation des biens : plus besoin de remplacer une partie du toit, ça se pose n'importe où, y compris par-dessus les tuiles de couverture, ou dans un coin du jardin...
l'autoconsommation : vous consommez directement l'électricité produite par vos panneaux (ce n'est plus l'argumentaire de la revente à prix fort à EDF qui facture ensuite plus bas la consommation domestique, source d'un "profit" susceptible d'amortir l'investissement qui devenait réellement profitable au bout de 7 ou 10 ans. Là on fait briller l'avantage immédiat d'une baisse de consommation sur l'alimentation EDF ; cette immédiateté ne peut que séduire les plus vieux qui voudraient bien profiter de leur investissement rapidement...
Le dénigrement d'EDF : au moindre signe de scepticisme sur l'offre enrubannée, les interlocuteurs brandissent tous l'imparable "vous êtes agent EDF" ! comme si le service public de l'électricité ancêtre du marchand d'électricité d'aujourd'hui faisait figure d’épouvantail ringard face à la modernité d'un marché libéralisé qui produit chaque année plus de précarité énergétique en même temps qu'elle sert plus de deux milliards de dividendes aux actionnaires d'une entreprise désormais privée.
L'autonomie : évolution naturelle d'une société qui fait du particulier avec l'éloge de la différence le moteur de l'individualisme dans la différenciation, qui devient vite discrimination, c'est désormais tendance de s'autosuffire... à la condition bien sûr d'en avoir les moyens ! De la précarité du logement avec la rapacité des bailleurs et de la misère grandissante qui met une bonne part de la population en difficulté, on s'en tape. L'important c'est bien de soutirer encore un peu de pognon à ceux qui n'ont pas épuisé leurs économies dans l'assurance obsèques.
La gratuité : dans une société tellement conditionné par la pression économique qui soutire au plus grand nombre pour engraisser une petite élite, la quête de la bonne affaire pas chère, et la gratuité par dessus tout, viennent à point nommé pour emporter l'assentiment... Sauf qu'elle est bien feinte cette gratuité d'apparence. Le matériel doit bien être financé, et heureusement qu'EDF, endetté jusqu'au cou, ne s'en occupe plus ; nous sommes désormais libres d'avoir directement recours à la banque pour financer la chose... Un petit crédit de plus, à moyen terme, ça ne coûte pas si cher ! ... mais ça se paye. et c'est la banque qui, au bout du bout fabrique du fric avec les beaux rayons de notre astre solaire.
Si le soleil brille pour tout le monde, il en est désormais qui voudraient bien en faire leur portefeuille. Quand les marchands du temple font la loi, peut-on s'attendre à ce qu'elle soit profitable au peuple ?

Quelle belle société du CAC40 va proposer un modèle de panneau solaire portable adapté à la vie des sans-abri, un truc qui leur épargnerait la pluie... Si jamais ça se faisait on ne tarderai pas à leur réclamer une taxe d'habitation...

La financiarisation de l'économie sera repérée d'ici quelques décennies comme la révolution ultime de l'économie capitaliste à la fin du XXème siècle après le dépassement-déplacement de la production.

L'outil indispensable à ce phénomène et qui en devient la machine infernale est héritier de ce qui alimente la guerre du feu moderne : la bombe atomique. Le numérique, comme tout progrès dans les découvertes conçues dans l'esprit des hommes peut enfanter de la pire comme de la meilleure des chose en fonction de l'usage qu'on en fait (Le rayonnement des Curie en est un bel exemple).

L'énergie et la communication sont aujourd'hui les deux grands foyers de la machine capitaliste. Ils alimentent sa mondialisation en même temps qu'on voudrait nous convaincre que chacun vivra mieux dans le circuit court autonome de son balcon
Le compteur Linky entre dans l'appareillage de la financiarisation du monde de l'énergie tout comme le mirage des productions domestiques, et tout naturellement celles et ceux qui militent pour la re-création d'un service public universel de l'énergie, mais aussi de l'eau, et pourquoi pas de l'air qu'on vendra bientôt en bouteille après avoir verbalisé les pollués à grand coûts de vignettes et autres stratagèmes.

Dans le même temps il ne faut bien évidemment pas s'affranchir de la transition énergétique qui doit être planifiée et conduite sous l'autorité de la puissance publique. Pas plus d'uranium que d'énergies fossiles, tout renouvelable, OK. et il y a là une certaine urgence.

Mais cette révolution ne peut pas prospérer sous l'empire de la finance. L'enjeu majeur redevient l'accès également possible à tous les citoyens aux fondamentaux de la vie : l'énergie, quelle qu'en soit la forme, tout comme l'eau, l'éducation, la santé, l'habitat et la communication, sans compter le gâteau sur la cerise, la CULTURE.

Et le choix est simple dans l’éventail des candidatures au prochaines échéances électorales, des pires replis communautaires de l'extrême droite aux régressions antisociales de la droite ou du nulle part de Macron, jusqu'aux atermoiements consensuels des socialistes englués dans la débâcle social-libérale européenne, il ne reste plus guère que la perspective tracée par Jean-Luc Mélenchon dans la perspective d'une 6ème République ré instituant une véritable démocratie, par et pour le peuple.

Au point où nous en sommes aujourd'hui, ce n'est pas en accrochant quelques panneaux solaires à la rambarde du balcon à côté des antennes satellites et du pot de canabis...

Au point où nous en sommes aujourd'hui, ce n'est pas en collant quelques post'it bleus, verts ou rose sur les pages sombres de la vie de tous les jours qu'on va la changer. C'est le livre qu'il faut ré écrire, certains appelleraient ça une Révolution, ça peut même se faire avec des crayons ; et elle serait plus belle de toutes les couleurs.

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