samedi 4 janvier 2020

Bonne ânée en état policier

C'était l'année dernière, le lundi 30 décembre, l'Humanité publiait en page 10 un article sous la rubrique des libertés publiques qui annonçait la chose : "Le gouvernement veut pister les voyageurs".
Il aura fallu attendre toute la semaine pour que d'autres média s'en emparent et que la télé publique l'évoque timidement.
Depuis longtemps il est de bon ton macronien de fustiger les insupportables atteintes aux libertés commises en Chine par le truchement des progrès technologiques de la reconnaissance faciale...
Mais dans le "en même temps" macronien, le secrétaire d'Etat Cédric O qui avait travaillé avant d'être au gouvernement, pour le groupe SAFRAN qui développait les technologies de reconnaissance faciale, met en place une expérimentation de la reconnaissance faciale sur des systèmes de vidéosurveillance...
Et donc désormais un service de collecte des données de voyage sera à la disposition de la police (et de la gendarmerie ?)... Le miracle du numérique et l'évolution des services qui exigent maintenant la réservation ouvrent la voie à cette intrusion policière dans la vie privée de tout un chacun. La puissance des machines peut aujourd'hui permettre d'exploiter des données massives pour en extraire l'aiguille dans la botte de foin. Et derrière le prétexte de la lutte anti-terroriste se profile l'habituation sournoise à l'amputation progressive des libertés individuelles.
C'est l'histoire de la grenouille qu'on a mise dans l'eau fraîche de la marmite, quand l'eau tiédit elle se régale de bien-être, puis c'est trop chaud ! mais aussi TROP TARD.
Avec les mesures envisagées, la police n'est plus l'organe de sécurité dont un peuple libre est en droit de se doter pour assurer sa sécurité intérieure. Les scarabées noirs caparaçonnés d'aujourd'hui sont d'abord des garde-chiourmes plus enclins à réprimer les soubresauts populaires qu'à protéger des citoyens qui en ont désormais plus peur qu'ils ne sont confiants.
Ordinateurs, téléphones, carte de paiement et autres objets connectés mettent aujourd'hui les citoyens en résidence surveillée sous le bracelet électronique qu'ils se sont "librement" procuré... et tout ça en leur donnant le sentiment de se "libérer" d'une foultitude de pesanteurs de "l'ancien monde"...
Comme beaucoup d'autres concepts, la liberté n'est invoquée que pour masquer son agonie.
Imaginez un instant, 80 ans en arrière, qu'une telle panoplie eut été à la portée de la milice de Pétain ou des sbires de la gestapo...
Les flics d'aujourd'hui n'auraient même pas eu l'occasion d'accrocher quelques éborgnés à leur tableau de chasse dans une société conduite au pas de l'oie.
La liberté n'est pas une idée abstraite, c'est une quête permanente et indissociable de l'humanité. Et dans la supercherie macronienne de l' "en même temps esclave et maître" institue la violence comme monnaie d'échange "en même temps" qu'il claironne le dialogue...
Nelson Mandela ne manquait pas d'expérience en la matière pour en dire ceci :
"Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c'est l'oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l'opprimé d'autre recours que d'utiliser les méthodes qui reflètent celles de l'oppresseur."

L'opposition radicale de la liberté et de l'oppression n'a rien d'un mythe, c'est le passage obligé de l'intelligence dialectique de ceux qui ne se résolvent pas à subir.

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