vendredi 8 décembre 2017

Idiolatrie

Des idoles* selon la Bible de Jérusalem :
"Elles* ont une bouche et ne parlent pas,
elles ont des yeux et ne voient pas, 
elles ont des oreilles et n'entendent pas."
Ancien Testament, Psaumes CXV, 5-6

L'idole n'est qu'image, représentation susceptible de capter l'attention et d'attacher les dévots à la divinité qu'elle représente pour mieux en propager la croyance ; et les ministres de tous les cultes consacrent les dévots en instruments de la croyance, spectateurs faisant pénitence. 

L'idole, dans toutes les croyances n'est que le subterfuge apparent de l’inexistence.

Flaubert en caractérisait fort bien la vanité :
"Il ne faut pas toucher aux idoles, la dorure en reste aux mains."
Cette image de pacotille, met la société en bal costumé pour mieux en scléroser la raison dans la prison de l'instant. 

Il n'est pas anodin de constater la concomitance d'une religiosité recrudescente dans la sphère publique quand la citoyenneté républicaine s'effiloche et quand la laïcité interroge... La tension s'exacerbe entre les dérives communautaristes et leurs manifestations en signes d'appartenance et la nécessité du respect de la différence qu'exige l'organisation d'une société civile et policée.

Sans remonter à la raison de Machiavel voyant s'effondrer la République, tromperie et déraison restent depuis des décennies les deux mamelles des politiques, l'important est dans l'image et ses mensonges, dans la communication et la promesse, dans le culte des personnalités, dans la mise en scène publique des faits et gestes dont on clame l'intime discrétion (voir Johnny et Laetitia Hallyday, Brigitte et Emmanuel Macron, Dany Boon et sa femme, avec Stéphane Bern autour du gâteau d'anniversaire de Line Renaud), dans la prison d'un présent qui, coupé du passé ne peut plus préjuger d'avenir autrement que dans un imaginaire fumeux à la merci de tous les charlatans qui passent (voir le discours sur nos jeunes qui n'auront pas de retraite ou le projet de loterie pour financer le budget de préservation du patrimoine...).

Pour s'être donné à des Trump, Poutine ou autre Macron, les peuples ont choisi des idoles.
Et à force de déraison leur idiolatrie devient mortifère pour l'humanité toute entière, une dérive suicidaire dans des sociétés de zombies, chair à canon de toutes les guerres, de la poudre, des ruines et du sang, des drones de guerre, guerres économiques ou guerre déclarée à la planète... Les hommes raisonnables fuient ces tumultes pour se jeter migrants dans la gueule de bourreaux qu'ils s'imaginaient sauveurs... 

Le spectacle de la France contribuera au grand spectacle du monde ce weekend dans la spectaculaire synchronisation du spectacle du Téléthon et de l'hommage populaire à l'Idole réunis pour occuper un "temps de cerveau humain disponible" (dixit l'ex patron de TF1) de télé-spectateurs de télé-réalité... Télé-tout, étymologiquement mis à distance d'un spectacle dont la proximité dévoilerait l'indécente imposture.
Banderole revendiquant le "vivre ensemble" ou les "services de proximité" à main gauche et pancarte réclamant de la télémédecine, du télétravail, du télétraitement, du télépéage ou de la télésurveillance... dans la main droite ! Vous comprenez.

D'un côté on consacrera l'oubli du désengagement de l'Etat dans le financement public de la recherche et de l'autre on déploiera un bel écran de fumée devant le triste spectacle de la misère de proximité qui  prospère aussi bien sous les ponts de Paris qu'ailleurs dans la France oubliée.

Le spectacle éveille les sentiments, génère de l'émotion... il fait ré agir.
Les idées, la réflexion, l'organisation de la réalité en pensée, l'intelligence sont nourries de raison pour maîtriser l'action.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mon cher Daniel,
Ton texte me bouleverse car il dit tout haut ce que je pense tout bas mais ne saurais si bien écrire, si bien détailler, si joliment fleurir de sensibilité, si savamment "historiser", si justement rendre intelligible d'intelligence, vraie, simple, chaleureuse... C'est un coup de coeur qui a de la gueule et un coup de gueule qui a du coeur. Ton âme y est majestueuse et immensément bonne, une fois n'étant pas coutume, cela va sans dire ! Quelle chance d'être si près de toi... et se sentir petit mais grandi par ta lucidité et ton amitié rassurantes. Ton impertinence légitime, de bon aloi, fleurant bon la désobéissance civique, fait la nique à l'insolence sotte et sale des manipulateurs de ce monde qui se rapetisse dangereusement. Ne pas baisser les bras, ne pas baisser le ton... quel fort message que celui que tu nous livres aujourd'hui encore. Par chance, ma guitare m'oblige à garder les bras levés ainsi que le poing... et ma voix ne baisse pas d'un ton, morbleu, mais... qu'est-ce que mes vibratos à côté de tes vibrations citoyennes de haute-volée ! Je chante humblement en ut les luttes qui m'enchantent... Tes écrits les subliment ! Bien tendrement et fraternellement à toi. Alain (Hiver)