dimanche 10 décembre 2017

effet génération

75 616 180 € promis cette année.
80 319 213 € promis l'an dernier pour une collecte atteignant 92 000 000 € au final.

Les résultats du téléthon 2017 auraient été affectés par la mort de Johnny Hallyday !

La baisse des collectes depuis le début des années 2000 ne relève pas de cette conjoncture particulière, mais plus surement d'un "effet génération" qui s'applique à toutes les initiatives publiques de grande ampleur : entre deux et trois décennies la croissance d'un phénomène en durcit l'identité et renforce la mobilisation qui l'accompagne.
Et puis, passé ce temps, le phénomène aura tendance à péricliter, dans une courbe dont la décroissance s’accélérera d'autant plus que le phénomène n'appartiendra plus à la génération de ses auteurs.
Il en est de même de beaucoup de corps collectifs, associations ou autres, qui ne peuvent assurer leur pérennité autrement que dans l'institutionnalisation.
A la différence du téléthon dont les bénéfices sont plus difficilement à la portée des citoyens au quotidien, d'autres phénomènes peuvent plus facilement perdurer.
Les Restos du cœur et autres associations caritatives en sont encore l'exemple puisque la puissance publique les a consacrés en solution de substitution à la correction de ses carences, l'Etat créant d'autant plus de misère qu'il soigne la fortune ne peut plus guère assumer d'y porter remède.

Ces phénomènes illustrent d'ailleurs les faiblesses du modèle capitaliste réduisant l'Etat à la portion congrue de la protection de ses intérêts immédiats et laissant aux solutions caritatives la résolution des problèmes qui n'intéressent pas le marché à défaut de perspective assez profitables. Les maladies orphelines touchent trop peu de monde pour susciter l'appétit des marchands de remèdes. La misère du mal-logement et de la mal-vie en générale n'intéresse guère autrement qu'en entretenant les pénuries qui font grimper les prix des loyers ou des produits de première nécessité bien au-delà du raisonnable pour étriller le porte-monnaie des solvables en ne leur laissant que le minimum. Et c'est sur ce reste à vivre que leur humanité les conduira à donner aux quêtes d'une "solidarité" tant vantée par celles et ceux qui s'en affranchissent et qui, comme toutes leurs idoles vont planquer leur fortune en Suisse ou dans quelque autre paradis fiscal des Caraïbes. 

La puissance publique, dans un système démocratique doit être la garante de l'accès de tous aux fondamentaux de la vie commune,  au gite et au couvert avec l'eau, l'air et le feu de l'énergie, à la terre nourricière, à l'éducation et à la culture, à la santé et à la communication.

Aujourd'hui, dans sa logique du moins d’impôt, corollaire de la religion du "chacun pour soi", les plus fortunés ne se privent pas de mobilité pour mettre leur fortune à l'abri du partage qu'ils célèbrent si justement sur la scène des enfoirés ou plus régulièrement à la Une des médias.
Les généreux donateurs du téléthon bénéficient d'ailleurs des 66% de déduction fiscale ; ça ne représente pas grand chose en manque à gagner dans la recette fiscale du pays, juste une soixantaine de millions d'euros (ça financerait annuellement au moins 600 emplois d'enseignants chercheurs...) . Mais c'est autant d'argent public manquant et confié au privé, contribuant ainsi au mouvement d'ensemble de la privatisation des fonctions publiques.

Pour mémoire l'Etat Macron prévoit pour 2018 la création de zéro poste dans la recherche publique ; ceci n'est que le cache-misère d'une dégradation continue de la recherche universitaire derrière le paravent de l'autonomie des Universités auxquelles l'Etat attribue des budgets ne couvrant déjà pas la rémunération des postes existants.

Même la presse la plus "libérale" l'affiche :
la recherche médicale décline en France...





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