dimanche 22 juillet 2012

Humour

encephaloplat“Dans sa forme historique, le PC est mort; mais il a encore de l'avenir.”
André Chassaigne aurait cette citation à son actif pour mériter un prix d’humour en politique.
Réelle ou supposée, qu’importe, puisque son usage se partage sur la toile aujourd’hui la sentence mérite qu’on s’y arrête.
Trois éléments doivent faire sens une fois assemblés dans cette phrase :


  • une forme historique
  • un PC mort
  • un PC d’avenir
1. Une forme historique
    S’agissant d’un parti politique, évoquer une forme historique supposerait qu’il en existe d’autres. Or il est bien compliqué d’en trouver si tant est que dans sa définition française le parti politique est la structure des courants d’opinion qui concourent à l’animation de la vie politique du pays et de l’ensemble de ses structures démocratiques.
    Les politiques peuvent inspirer les spectacles des cabarets parisiens ou des amuseurs sur petit écran, mais ce n’est guère qu’une fonction accessoire.
    ...
    Il n’est pas non plus dans la nature des choses que la politique soit le seul talent de celles et ceux qui en feraient profession. Jaurès était d’abord agrégé de philosophie et professeur avant d’être l’homme politique qu’on connait. Et Jules Guesde fut bien journaliste avant comme après son exil et ce qui fut l’outil de son engagement. Ces deux là pour ne citer qu’eux vivaient avant que le parti communiste n’existe ; et pourtant on n’écrira jamais l’histoire du communisme en France sans traiter de leur action comme de la pensée de quelques uns de leurs inspirateurs, Rousseau, Marx ou Blanqui… Les prémices font partie de la vie tout comme on ne nait pas de rien et de personne. La pensée socialiste du début du siècle dernier est indissociable des combats de la Commune de Paris et des révolutions antérieures. Et c’est ainsi que sur le squelette articulé des bases idéologiques s’accroche la chair des hommes et du présent de l’histoire qui vont modeler le corps politique d’un parti. D’un siècle à l’autre il évolue ; tout naturellement il s’enrichit d’idées nouvelles et peut en amodier quelques autres. Il passe ainsi par des “formes historiques” successives, d’enfance en adolescence, et d’âge mûr en âge mûr… L’éternité le guette si celles et ceux qui le font ont l’intelligence de leur temps, dans le respect de leurs racines et la confiance dans les générations qui suivent.
    Un parti politique ne peut échapper à sa dimension historique. Comme toutes les femmes et tous les hommes qui le composent, le parti nait un jour d’une conjonction d’intentions et de circonstances. Il arrive qu’il disparaisse d’une autre conjonction d’intentions et de circonstances… Entre temps il aura contribué à l’écriture de l’histoire sur la scène majoritaire ou dans la coulisse de l’opposition. Toute l’action politique, celle collective d’un parti comme celle des individus qui s’en réclament, est fondée sur les trois piliers de ce qui fait la vie aux trois temps du passé, au présent et au futur :
    • les fondations d’une base idéologique ancrée dans le passée qui l’enseigne
    • au présent, la conception et l’expression des options choisies pour conduire l’action publique
    • la mise en perspective de l’action présente dans la ligne des fondamentaux idéologiques structurant un projet d’avenir
    2. Un PC mort
    Y-a-t-il eu un seul de ses adversaires, fut-il le plus à gauche qui n’ait prédit la mort du communisme en même temps que la disparition de la forme organisée au PCF ? Pétain et la collaboration l’avaient rendu clandestin avant qu’il ne ressorte de la guerre plus fort malgré le lourd tribut payé par ses martyrs.
    François Mitterrand avait bien promis à l’Internationale socialiste de le réduire à la portion congrue… et il y était presque arrivé avant que d’autres poursuivent son œuvre posthume… mais il existe encore, affaibli dans sa représentation et  boudé des médias, ce qui ne peut effectivement convenir à qui a surtout besoin de l’image.
    Le grand phantasme du changement de nom, l’action déstabilisatrice de l’intérieur de tous les courants qu’on appelait jadis dissidents, puis rénovateurs ou d’autres sobriquets, tous les avatars des crises de croissance ont hanté les nuits du PCF.
    Pour le déclarer mort, encore faut-il lui avoir survécu avant que le dilemme de l’héritage et de sa gestion soit posé. Pourquoi faudrait-il aller chercher les héritiers parmi ceux qui ont programmé l’euthanasie, abandonné la famille depuis longtemps et plutôt en dehors ?
    Jean-Claude Mairal tirait d’ailleurs de son expérience d’élu et de responsable politique dans le texte qu’il écrivait il y a quelques mois le fil d’une logique mortifère anéantissant le terrain politique dans l’affrontement entre militants et élus. Paradoxalement dans son propos André Chassaigne exprimerait le contraire de l’image qu’on peut avoir de lui, véritable prototype de la proximité et de l’action citoyenne…
    Mort le PC ? non, tout au plus trop tôt orienté dans une unité de soins palliatifs.
    3. Un PC d’avenir
    Ce n’est pas tout à fait la même chose de parler de l’avenir du PC et du PC d’avenir.
    L’avenir ne se joue pas qu’en terme de succession, le potentiel est inscrit dans les gènes qui font la trame idéologique de l’organisation, encore faut-il leur permettre de s’exprimer.
    Il est bien difficile de contester la justesse et l’urgente nécessité de faire vivre les idées communistes d'e l’émancipation des hommes et des peuples, de la paix et de la concorde, de la coopération et du partage…
    Le débat reste cependant tout aussi présent qu’à la charnière des deux siècles passés quand Jules Guesde fustigeait les “possibilistes”, dont la gourmandise satisfaite de pas grand-chose altérait la conscience révolutionnaire et en retardait l’avancée.
    La question récemment posée aux communistes de la participation au gouvernement résonne clairement sur la partition des “possibilistes” d’aujourd’hui.
    Mais c’est aussi de la vitalité de ce débat que se nourrit le communisme et son avenir.

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