samedi 15 juin 2019

Cet homme voit juste

C'est une belle invitation à la réflexion.
Article paru dans L'humanité Dimanche 662 Idées 
Extraits Parution Pierre Serna L'extrême Centre Ou Le Poison Français 1789 2019.

Le soit-disant nouveau monde de la macronie fait montre de bien des stigmates de l'ancien régime ; de la surdité et de l'aveuglement, de l'obsession de l'exclusion de la différence maquillée sous la forme hypocrite de la lutte contre l'extrême droite, cette nouvelle génération réduisant le monde à son petit quant-à-soi, fait chanter petit coq au milieu de sa basse-cour. Dans la campagne bourbonnaise des temps anciens, c'est souvent juché en haut du tas de fumier sorti des étables que le coq chantait fort...
C'est un peu la génération selfie-réseau (dits) sociaux, celle qui réduit le monde à un aréopage de spectateurs béats autour de l'individu déifié dans son totalitarisme d'opérette. Regardez moi, je suis le maître du monde au premier plan de celui qui m'entoure, que ce soit sur fond de Tour Eiffel, du sourire de la Joconde, ou d'une petite poignée de faire-valoir supposés importants... Comme si le génie d'un bâtisseur en fer ou du pinceau s'incarnait désormais dans un "moi" naturellement grandi.
Le "en même temps" de Macron et sa fixette sur l'amputation des extrêmes qui en feraient le pivot d'un édifice aux marges molles n'est pas une nouveauté dans l'histoire ; les faiblesses des démocraties face à l'agonie de la République espagnole, la figuration honteuse des démocraties à Munich face au péril nazi et fasciste... Dans toutes ces circonstance c'est la préservation d'un vieux monde accouchant des monstres qui se jouait.
Aujourd'hui le péril fasciste n'est pas à exclure avec une extrême droite qui ne prend plus guère de masque pour avancer ses idées funestes, mais le ressort le plus fort reste bien l'enjeu du pouvoir du fric dans un régime capitaliste à l'agonie, qui épuise la terre comme les hommes qui la peuplent.
Marx le théorisait déjà fort bien avant que tant de guerres et de catastrophes aussi bien sociales qu'écologiques nous le confirment aujourd'hui.
L'illusion de ce nouveau monde résiste tant que ses mots menteurs ne sont pas détrompés. Ils se prétendent "progressistes" et n'ont de cesse de démolir ce que des décennies de luttes sociales ont arraché de progrès sociaux à la rapacité des maîtres du fric... Services publics, bien commun, santé, éducation, justice sont désormais en proie facile aux prédateurs locataires de salles des coffres.
Ils émettent désormais des "avis de sagesse du gouvernement" quand les parlementaires amendent un texte sans grande conséquence ;  peut-être bien que oui, peut-être bien que non, on n'en sait rien, allez-y comme vous l'entendez... On ne veut pas se fâcher avec le camp du oui, ni "en même temps" avec celui du non... 
Qu'il est brillant intellectuellement cet extrême centre !
La crise d'urticaire des Gilets Jaunes fut une éruption salutaire pour faire prendre conscience de la capacité du pouvoir en place à générer de la conflictualité et de la violence, une opposition irréductible, de celles qui conduisent à l'affrontement dès lors que tous les ressorts du débat démocratique sont verrouillés au seul usage du pouvoir en place : le simulacre du Grand débat, le résultat pitoyable des élections européennes sont autant de signes inquiétants de cette dérive autoritaire dans une voie sans issue pour une démocratie défigurée chaque jour un peu plus.
Et s'il suffisait de cinq années pour rétablir un toit à Notre Dame, j'ai bien peur qu'il en faille beaucoup plus pour que notre République retrouve les "jours heureux" qui mettraient son peuple à l'abri.

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