jeudi 28 mai 2015

Bleu-Blanc-Rose

Il y avait bien une 5ème place de libre au centre de la façade du Panthéon !
Charlotte y aurait fait bonne figure ! Mais aussi Marie-Claude, Suzanne, Danielle ou tant d'autres...
Commémorer la Résistance aujourd’hui est une action citoyenne respectueuse, une façon simple et tranquille de se proclamer héritiers dignes de ceux qui ont redonné sa liberté et sa dignité à la France. Nombreux sont ceux qui n’ont pas tant attendu que la revendication de l’ANACR de faire du 27 mai de chaque année la « Journée Nationale de la Résistance » soit enfin satisfaite l’an dernier pour y penser sur une terre où nombre de pierres sont dressées depuis plus d’un demi-siècle à la mémoire du sacrifice de l’Armée des Ombres.
La « Journée Nationale de la Résistance » a réuni partout en France des foules, modestes ici et considérables là-bas, au même moment qu’à Paris, Jean-Marc Todeschini –secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire- rendait hommage à Marie-Claude Vaillant-Couturier à l’Espace Niemeyer, Place du Colonel Fabien, avec une représentation théâtrale consacrée à cette grande femme de la Résistance, en avant-première du festival d’Avignon.
Ne voyez pas malice dans cette évocation furtive d’une manifestation dont personne n’entendra parler demain dans le fracas médiatique de la panthéonisation de quatre héros de la Résistance : Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay.
Ces quatre-là, chacun à leur façon, sont bien des figures emblématiques de la Résistance et de sa diversité. Mais si leur accueil aujourd’hui devait refermer le cercle de la Résistance aux côtés de Jean Moulin au Panthéon Républicain, c’est la mémoire communiste de la Résistance qui en serait exclue.
Kriegel-Valrimont, Rol-Tanguy, Péri, Charlotte Delbo, Suzanne Bloch ou Danielle Casanova, Lucien Sampaix ou Pierre Villon... Peut-être les communistes résistants étaient-ils trop nombreux pour être reconnus et qu’on puisse en choisir une ou un au détriment des autres !
Il est vrai que l’écriture du roman national par les politiques qui font  de l’histoire un instrument  ne manque pas d’interroger celles et ceux qui s’emploient à préserver la mémoire des faits, des engagements des acteurs, de l’idéal et des valeurs de la Résistance.
Le triste épisode de la « lettre de Guy Môcquet » en 2009 est encore dans nos mémoires…
Se mettre sous la lumière des autres ne rend pas nécessairement brillant, et instrumentaliser la mémoire des héros des autres pour camoufler ses forfaits ne trompe guère que les nigauds de sa cour.
Dans un Panthéon pavoisé de Bleu-Blanc-Rose, l’amputation de la mémoire de la Résistance de sa composante communiste n’est pas glorieuse ; et elle l’est d’autant moins que pour faire bonne figure l’évocation dans les mots du discours présidentiel ou la présence d’un secrétaire d’Etat à l’initiative des communistes Place du Colonel Fabien pour célébrer la Journée Nationale de la Résistance avec la mémoire de Marie-Claude Vaillant-Couturier illustrent la volonté patente d’en exclure la représentation là où les générations futures pourrons s’en approprier la connaissance.
Toutes les entorses à l’histoire doivent aiguiser notre vigilance.
Le gouvernement aujourd’hui, soucieux de réduire l’éventail politique à son petit milieu du consensus libéral ne manque pas une occasion de nier l’existence d’une gauche de Résistance dans laquelle le courant communiste existe encore.

La méthode Coué leur suffira-t-elle ?

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