Le clou

« Faute d'un clou, le fer fut perdu,

Faute d'un fer le cheval fut perdu,

Faute d'un cheval le cavalier fut perdu,

Faute d'un cavalier la bataille fut perdue,

Faute d'une bataille le royaume fut perdu.

Et tout cela faute d'un clou de fer à cheval. »

Cette citation de Benjamin Franklin illustre assez bien la vanité du monde d'aujourd'hui confiné dans le présent, aussi oublieux de son passé qu'il se croit sans avenir. Les crises que le monde traverse, climatique, sanitaire et d'une interminable progression des litanies guerrières, et les commentaires qu'elles suscitent alimentent l'acceptation fataliste du traitement des symptômes sans espoir de guérison... 

On prolonge l'usage des nicotinoïdes et on subventionne à grands frais des escouades de gogos replantant quelques centaines de mètres de haies dont ils viennent de réinventer le bon usage pour les bestioles aussi bien domestiques que sauvages... après en avoir arraché bien des kilomètres !

On continue sans barguigner d'étirer le grand écart des sommets des grandes fortunes aux profondeurs abyssales de la misère en consacrant la puissance publique à l'enrichissement des plus fortunés et en confiant à la solidarité généreuse de ceux qui n'ont plus grand chose la responsabilité des pommades aux escarres de la misère...

On envahit les petits écrans de fictions policières et guerrières à en rendre banale une société de violence et de surveillance au prétexte d'une sécurité qui renvoie la liberté à l'étal des brocantes. On n'a plus besoin de la conscription du service militaire pour accompagner la construction d'une image de société chamarrée et d'une idée de défense "populaire" au cas où... La professionnalisation du militaire comme celle du politique est judicieusement accompagnée par le truchement du jeu vidéo pour faire de la guerre le quotidien ordinaire de l'inhumanité... La fiction ne dépasse plus, elle prépare l'acceptation d'une réalité délétère.

C'était 9 jours avant que la guerre fût déclarée, à Lyon, que Jean Jaurès déclarait :

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! »

C'était 6 jours avant qu'on l'assassine.

Le conflit russo-ukrainien est bien porteur d'inquiétudes légitimes. Mais comment s'inquiéter utilement sans pouvoir comprendre ?

Les réactions à l'intolérable agression russe ont mis en avant l'OTAN face à la Russie avant de faire de l'ONU la plaque tournante d'une solution diplomatique au conflit pour la paix. L'arsenal des sanctions économiques faisant de l'économie une arme, ont été brandies sous la bannière des grands G, (G5, G7, G9, G20) dont le périmètre était curieusement jusqu'en 97 celui de l'OTAN. Ils symbolisent la domination des principales puissances et servent à passer les compromis les plus favorables aux intérêts du capitalisme en décidant des politiques économiques et financières qui sont imposées aux peuples du monde... Pour son bien, cela va sans dire... et vous le voyez bien !

L'ONU était née de la victoire libératrice des forces alliées dans la Seconde Guerre Mondiale.

La Société des Nations avait été établie en 1919 par le Traité de Versailles « pour promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité »... Une SDN précurseur de l'ONU !

Mais si la SDN a évité nombre de conflits, elle n'avait pas empêché Cieszyn (1919), Vilnius (1920), Invasion de la Ruhr (1923), Corfou (1923), L’invasion de la Mandchourie (1931-1933), Guerre du Chaco (1932), L’invasion italienne en Abyssinie (1935-1936), Réarmement de l’Allemagne (1936), puis des futures puissances de l'Axe, la Guerre civile espagnole (1936-1939), La Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945)... 

Le bilan de l'ONU depuis sa création le 24 octobre 1945 à San Francisco ne manque pas de points positifs ; mais ses failles ont été nombreuses et tout particulièrement depuis l'effondrement du bloc de l'Est qui a fait basculer le monde d'un équilibre de la terreur dans une domination sans partage d'un monde "libre" dont la liberté est confinée dans les canons du libéralisme économique et qui a conduit à la "mondialisation" de l'économie capitaliste.

Qu'en est-il de l'action du Conseil de l'Europe, lui aussi instance politique issu de la Seconde Guerre Mondiale en 1949 et qui réunit 47 états du continent européen ? Les journaux télévisés n'en dévoilent pas grand chose... C'est sans doute parce que ça ne ferait pas assez monter l'adrénaline dans la prochaine perspective électorale...

Une opinion publique justement traumatisée par l'image d'une guerre désormais si proche... bien plus proche qu'en Afghanistan, en Syrie, en Irak, des multiples conflits qui ensanglantent l'Afrique...

Des guerres que se font bien souvent les riches d'ailleurs sur les terres des pauvres...

Une opinion publique plus invitée à accompagner la guerre qu'à faire la paix, n'est-ce pas là un drame qui ajoute à l'abominable de la guerre. 

Les cimetières militaires n'ont jamais conservé qu'une infime partie des cendres de la guerre. La Paix n'est pas une utopie, c'est une impérieuse nécessité entre des peuples maîtres de leur destin... 

Et tout cela faute d'un clou de fer à cheval disait Franklin...

Au fait entre la Russie et l'Ukraine, c'est quoi le clou du fer à cheval ?

Quand on l'aura expliqué au monde, on aura certainement fait un grand pas vers la paix.

Guerres et conflits en cours en 2022 :

 

Guerres majeures, plus de 10 000 morts par an

Guerres et conflits, entre 1 000 et 10 000 morts par an

Conflits mineurs, entre 100 et 1 000 morts par an

Escarmouches et affrontements sporadiques, moins de 100 morts par an