lundi 24 septembre 2018

La Régression En Marche

Le renversement du paradigme de notre République opéré par la clique Macron depuis ses tout débuts en fanfare électorale commence à devenir incontournable pour les observateurs jusqu'aux plus macron-compatibles de droite... comme de droite.
Les dernières phases législatives emballées avec l'assentiment bienveillant des troupes godillottes de Jupiter conduisent à un renversement des codes de la République construite en deux grands siècles avec une citoyenneté mise à mal dans les dernières décennies.
Pour s'en convaincre il suffit de recoller les morceaux d'un puzzle donné à reconstruire aux électeurs SANS LEUR FOURNIR L'IMAGE DU RÉSULTAT !
Un caillou blanc sur le chemin...
Le malaise des élus municipaux démissionnaires est symptomatique ; ce sont généralement des maires de petites communes, de ces villages qui n'existent plus guère et qui grelottent sous les vents mauvais des réformes accumulées ces trois dernières décennies, déshabillés de tout !
Plus d'activités ni de travail, plus de commerces, plus de services publics, plus guère d'associations... Et comme pour conjurer une évolution qu'on ne voulait pas comprendre comme l'effet d'une politique bien déterminée, on se laisse conduire en laisse vers les regroupements pédagogiques intercommunaux pour conserver une illusion d'école... On rachète la licence IV du bistrot qui ferme pour le refaire fonctionner... On rachète un ou deux bâtiments pour y réinstaller l'épicerie disparue... On rénove une ou deux vieilles bâtisses pour en faire des logements, histoire de remplacer ceux dont la vie s'achève par quelques familles qu'on exile à la campagne pour libérer LA VILLE de ses taches de misère en même temps que les bailleurs sociaux mettent du locatif en accession à la propriété, histoire de limiter encore un peu plus l'accès au logement des plus faibles... On contribue joyeusement à la construction de la Maison médicale de la Communauté de communes qui réussira peut-être à séduire un médecin étranger...
Ce n'est pas un petit caillou blanc, mais bien une carrière du granit dont on fait les tombes que certains maires découvrent, impuissant à faire vivre leurs illusions.
Ce ne sont pas les petits carriéristes qui démissionnent, ceux pour qui la République généreuse salarie une occupation qui a cessé depuis bien longtemps d'être un véritable engagement politique au vrai sens du terme. Ce sont généralement des gens de bonne volonté qui se réveillent tardivement d'une anesthésie au hochet. Ils ont été élus dans une commune dont ils amenuisent volontairement l'existence pour dépasser les obstacles de leur pauvreté en se confiant à des communautés d'autant plus grandes qu'elles ne sont pas générées par la volonté commune de coopérer mais par l'injonction institutionnelle. Et désormais les élus d'élus, petits sénateurs des champs gouvernent des espaces étrangers aux citoyens qui les composent. Le lien du maire et des élus municipaux avec leur communauté citoyenne a désormais disparu et se perd dans la brume des délégations de "compétences", chacun ne sachant plus guère qui fait quoi... Et cette ignorance organisée bien sûr indispensable pour que l'usage de l'argent public soit désormais orienté massivement au financement des activités privées, les missions de service public devenu malicieusement "service au public" pour être privatisées...
Il est bien rare que ce soient les présidents de communautés qui démissionnent, ou leur cortège des vice-présidents qui ont toujours leur hochets en mains en s'imaginant que ce qu'ils font est de leur ressort... Mais font-ils bien autre chose que ce que les préfets leur font faire ?

Le coup d'état transparent a déjà mis à mal la démocratie républicaine à sa base en effaçant les "territoires" communaux. Il accélère le processus à la tête de l'Etat avec la poursuite du "moins d'Etat", de la réduction de la dépense publique, qui ne se fait jamais qu'avec un recours plus massif à l'initiative privée et l'augmentation des coûts de service qui l'accompagnent, profit oblige, à la révision du cadre même de l'action publique, remise en cause des statuts des agents publics dont on voudrait désormais qu'ils soient alignés sur le droit privé.
C'est aussi tout le sens d'une réforme conduite sans assez de tapage dans l'Education nationale. Pour faire court, le modèle Macron Blanquer vise à transposer de l'école à l'université le modèle de start-up intégrées au marché, avec des "chefs d'établissement" dont la professionnalité passerait de la sphère pédagogique à celle de petit commis de Bercy, n'ayant de comptes à rendre qu'au "ministère des comptes publics" (une appellation qui n'est pas anodine!), petits chefs recruteurs d'individus détachés de leur collectif professionnel au profit d'un modèle de porteurs de projets contraints dans la tenaille des objectifs et des moyens qu'on leur donne. 
C'est le modèle dévastateur de la sous-traitance qui conduit à faire faire toujours plus avec moins... et qui au bout du compte fait mal faire par des travailleurs mal travaillant et mal vivant aux coûts élevés justifiés par le prélèvement des rapaces de la finance...
C'est le modèle qui sévit déjà dans le monde des maisons de retraite, des établissements de santé...

La où la chose est grave, c'est que l'école a aussi pour mission de former les citoyens de la République de demain... Elle est bien partie pour dessiner le portrait collectif d'un peuple d'esclaves de la finance par le biais de l'individualisation et du consumérisme conjugués. Avec une armée de métier histoire de garantir la tranquillité !

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