mardi 27 septembre 2016

Les bons petits soldats

Depuis des années la démocratie française part en miettes. Le cas symptomatique du résultat d'un référendum sortant en NON des urnes et sitôt repeint en OUI par des dirigeants le doigt sur la couture du pantalon... qu'ils viennent de baisser devant les exigences de l'autocratie européenne est de la même veine que celui du recours réitéré au 49.3 qui piétine la légitimité du parlement et accompagne la fin de vie de la démocratie.
Le désamour des citoyens pour la vie politique tient bien de cette prise de conscience à la fois tardive et confuse du détachement de la sphère politique de l'orbite de la vie, la vraie vie. Et ce ne sont pas les gesticulations médiatiques qui feront d'emplâtres sur jambe de bois la guérison de la gangrène du pouvoir.
L'actualité fournit quelques pépites avec l'épisode calaisien des visites de Sarkozy et Hollande ; quand l'un vocifère et fustige, l'autre foule à pas feutré le velours de la préfecture et promet... comme au Bourget. Qu'ont-ils appris de la non-vie des migrants encagés là-bas ? Ont-ils encore la capacité d'apprendre ?
La fracture citoyenne s'élargit au fil du temps pour renvoyer la pensée politique au pire endroit qu'on puisse la confiner, nulle part. Les organisations sont discréditées à force d'être instrumentalisées au profit des ambitions particulières d'une classe politique érigée en nouvelle aristocratie ; la comédie des "primaires" l'illustre bien. Et le pouvoir s'empêtre dans ses propres fantasmes.
Liberté-Egalité-Fraternité... Comme dans la phase ultime de la récupération de la Révolution par la bourgeoisie, c'est le troisième volet de la devise républicaine qui est plus régulièrement invoqué.
L'éloge de la différence comme visée ultime de la tolérance pousse aux limites de l'exercice dès lors que le "burkini" s'invite à la plage...
Les communautés d'individus bâties sur les fondations d'une société en ruine n'ont plus la raison pour lumière, mais les lueurs vacillantes de leurs croyances concurrentes. Et les "politiques" n'ont de cesse de flatter les uns pour mieux fustiger les autres, comme si toutes les religions n'avaient pas leurs intégristes...
Raison de plus pour promouvoir à grand cris l'exigence du "vivre ensemble" !
Pauvres bougres, vivez ensemble votre misère, comprenez bien que c'est le seul moyen pour assurer aux plus riches qu'ils puissent continuer d'accaparer le pouvoir et l'argent à l'abri de vos regards. Épicerie solidaire, restos du cœur suffiront bien à assurer la survie discount.
Jadis est aujourd'hui dans la main tendue des mendiants à qui n'est jamais prescrit que le placebo d'une charité grimée en solidarité.
Quand la question est posée aujourd'hui du grand écart entre les attentes, les espoirs, les exigences des électeurs de gauche déçus par les renoncements d'un quinquennat socialiste faut-il s'étonner de la fuite vers l'abstention des plus conscients et du panurgisme qui enfle l'abcès de l'extrême droite ?
Renégociation des traités européens ? Mise au pas du monde de la finance ? restauration de la puissance publique ? 
Fallait-il être niais pour s'imaginer que ceux qui ont construit le moule européen pour imposer aux peuples le modèle capitaliste puissent s'en affranchir. Les créatures européennes de nos politiques, de la droite extrême jusqu'à la social-démocratie, sont là pour dédouaner les politiques nationaux de leurs entorses à la démocratie, au progrès social, à la coopération et à la paix.

La confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif conduit à un présidentialisme dont le seul débouché préfigure la dictature.
N'est-il pas temps de se réveiller avant qu'il ne soit trop tard ? A défaut de passer par la rue la Révolution citoyenne peut-elle sortir des urnes ?
Sortir de la kakistocratie et fonder la République du nouveau siècle suppose autant d'acharnement qu'il en avait fallu aux héritiers des Révolutions et de la Commune pour passer de Jaurès à Ambroise Croizat. Il y faudrait aussi assez de clairvoyance pour s'inquiéter plutôt que se réjouir du grand succès de nos ventes d'armes... Le passage par la case "guerre" n'a jamais ruiné le capitalisme qui les faute.

A tous les amoureux des "paquets neutres", ne pourrait-on pas proposer d'étendre la pratique des slogans et images chocs apposés sur les paquets de cigarettes aux urnes des prochains scrutins ? 
Les photos de quelques grands hommes ébranlerait peut-être l'électeur si on les légendait en gras de quelques-uns de leurs méfaits...

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