Dans la période de grande mutation engendrée par la crise d’un
système à bout de souffle, ce n’est pas de solution alternative que l’ancien
monde accouche, mais de sa survivance maquillée.
La « start-up nation » de Macron n’échappe pas à
la logique qui l’a fait naître, et, contrairement à ce que beaucoup auraient
tendance à penser, il ne s’agit pas là d’un prototype encore mal réglé de la
nouvelle machine politique. Ce n’est que le triste avatar de l’interminable
agonie du capitalisme, une figure qui rejoue bien maladroitement la petite
musique du petit chaperon rouge.
Pour s’en convaincre, rien ne vaut l’usage de la réflexion
qui anime cette démarche : un cabinet de conseil en stratégie d’entreprise
la ferait sienne, mais elle vaut aussi bien pour une formation politique, une
association, ou toute formation en équipe.
Le propos d’appuie sur une situation dans laquelle chaque
stade de développement d’un projet se construit sur la base d’un précédent
incontournable : les 5 doigts de la main.
Premier temps : le rassemblement.
C’est la confiance qui va sceller la formation d’un
ensemble, le lien primordial qui doit s’établir dans un collectif susceptible
de produire.
2ème temps : la tension
Dans les débuts d’une formation de groupe, l’observation réciproque
des parties fait osciller entre confiance et défiance sur la seule base de l’interrogation
sur la motivation du rapprochement et de la préfiguration de l’étape suivante
qui va susciter l’établissement du leadership.
3ème temps : l’engagement
C’est le moment où le « faire » va catalyser les
énergies, nécessiter naturellement l’organisation, la détermination des rôles,
et donner à voir une forme d’équipe en action. Le choix d’un chef n’a rien d’anodin
entre la satisfaction d’une ambition et le choix d’un homme de paille…
4ème temps : la responsabilité
Dans sa phase de maturité l’équipe renvoie chaque acteur à
son positionnement dans le collectif. C’est le moment où peut se dessiner le
bénéfice individuel des interactions dans l’action : faire ensemble
accroît la capacité de chacun (cf. la dialectique de l’école et du préceptorat).
5ème temps : le résultat
Ce dernier temps de la marche n’est pas une fin en soi, mais
plutôt un aboutissement d’étape qui en se partageant va constituer la base d’un
nouveau cycle basé sur la confiance.
Si on s’accorde sur cette grille de lecture du
fonctionnement collectif, deux cas de figure peuvent se profiler, celui d’un
cercle vertueux conduisant à la réussite, et celui du cercle vicieux de l’échec.
Si l’échec pour finir peut intervenir après un
dysfonctionnement intervenant à n’importe quel temps du cycle, la réussite n’est
possible qu’au terme d’un parcours sans accroc.
Au premier temps du processus de la formation du groupe, si
la confiance ne s’installe pas durablement la vulnérabilité est assurée et le
second stade ne produira qu’une harmonie artificielle pour masquer les tensions
plutôt que les résoudre en communiquant.
Au second stade, l’affichage d’une entente artificielle ne
fera qu’exposer des ambiguïtés qui seront autant de freins à l’action. Pourquoi
faire quelque chose si on n’a pas d’objectifs clairement partagés ?
Au troisième stade, la résolution des ambiguïtés s’opère
dans la fuite ou dans la composition de postures de complaisance. A défaut de
faire, on fait semblant, et personne n’est redevable à personne de quoi que ce
soit, aucune responsabilité n’est prise.
Au quatrième temps la situation se fige sur des résultats le
plus souvent maquillés et que personne ne voudra assumer et partager en se
réfugiant derrière son statut. C’est le temps du repli sur l’ego.
Quand on observe la macronie, le premier temps de la
confiance a occupé toute la campagne présidentielle avec une teinte d’acceptation
qui caractérise l’adhésion aux tribuns populistes. Venus de nulle part à défaut
de savoir d’où l’ensemble se forme en donnant une existence à chacun avec une
forme de revanche pour ceux qui désertent un autre camp moins reconnaissant…
Depuis, le fonctionnement jupitérien du président a fait
basculer la start-up politique dans le cercle vicieux de l’harmonie artificielle
de « l’en même temps carpe et lapin ». Cette culture assumée de l’ambiguïté
affichée cache de plus en plus mal une orientation à droite désormais aussi
bien assumée qu’elle s’impose à des troupes de « godillots » obligés
Fuite ou complaisance sont les deux mamelles du pouvoir dans
les périodes pré-électorales avec dissidences et ralliements qui obscurcissent
le paysage et qui réduisent la perception des enjeux à la seule dimension des
ego et à l’artificialité d’une légitimité élective contestable.
Se croire invulnérable et se prévaloir d’une image, cultiver
l’ambiguïté en étant faible et flou sur l’organisation au seul bénéfice d’une
figure tutélaire d’apparence auto-proclamée, mais le plus souvent promue par
les forces occultes qui l’exploitent, tous les ingrédients de l’échec.
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