mardi 22 octobre 2024
d'un siècle à l'autre
dimanche 8 octobre 2023
démo
"Quand on voit de près le suffrage universel et les gens qu'il nous donne, on a envie de mitrailler le peuple et de guillotiner ses représentants. Mais quand on voit de près les princes qu'il pourraient nous gouverner on devient tout simplement anarchiste."
Guy de Maupassant
samedi 31 décembre 2022
mercredi 23 novembre 2022
Humeurs chagrines
L’actualité est dominée par trois thèmes récurrents, la guerre, la crise, l’ostracisme (la coupe du monde de foot coche les trois cases), et ce que l’on en dit a souvent le don de m’irriter avec si peu d’analyse et pléthore de commentaires creux quand ils ne sont pas perfides.
La guerre
Comme LA guerre en général, celle
que Poutine fait à l’Ukraine est insupportable, et pourtant nous la supportons
depuis bientôt un an avec la menace angoissante d’un embrasement général… et
beaucoup la supportent en supporters en prenant justement parti pour l’agressé
face à l’agresseur. Le tout dans un univers réduit au présent, aveugle à des
causes qui ne peuvent appartenir qu’au passé et aveuglant l’avenir des peuples
en les emprisonnant dans leurs angoisses…
Qu’en dit-on pour en faire penser
quoi ? Le raccourci est permanent entre Poutine-Russie-exURSS… dans des
discours manipulant la menace pesant sur « l’occident » dans des
relents d’anticommunisme d’un autre temps. Tous ces commentateurs zélés
auraient-ils oublié qu’à la fin du siècle dernier, après près de 50 ans de
guerre froide, le « bloc soviétique » avait sombré dans une agonie
qui n’avait guère à voir avec un communisme dont l’URSS avait bradé les
principes sitôt après la mort de Lénine en 1924. Moins d’une décennie plus tard
Staline avait mis en place un régime totalitaire en s’appuyant sur une
oligarchie obéissante et il avait si bien fait le tri dans les cadres de
l’armée que l’URSS n’était pas tout à fait prête pour s’engager dans le conflit
quand, à l’Est, le pacte Germano-soviétique donnait quelques coudées franches à
l’Allemagne nazie en sacrifiant la Pologne après qu’à l’ouest les négociateurs aussi
bien Français qu’Anglais à Munich aient un an plus tôt, sacrifié la
Tchécoslovaquie. Passé l’épisode tragique de la seconde Guerre Mondiale au
terme de laquelle le slogan « Plus jamais ça » accompagnait un espoir
de paix avec l’ONU, les alliés vainqueurs se sont retrouvés hantés par leurs
vieux démons impérialistes en faisant de l’Allemagne le ring de leur
affrontement de part et d’autre du mur fixant le front de la guerre froide tout
en entretenant de plus chaudes partout autour de la planète dans les
soubresauts de la décolonisation et dans l’extension de leurs zones
d’influence.
Avec l’effondrement du Mur et du
bloc de l’Est, le camp occidental a pu propager son modèle économique jusqu’en
ex URSS, la braderie du bien public aux oligarques a parachevé la fin d’un
régime à bout de souffle, épuisé par la course aux armements et la perversion
de son idéal dans des régimes autoritaires. Ces « oligarques », en
Russie comme en Ukraine, nouveaux Russes-nouveaux riches, apparatchiks de la nomenklatura
de l'époque soviétique, cette petite centaine de milliardaires n’est pas très
différente des 600 milliardaires chinois d’aujourd’hui... Proportionnellement à
la population, c’est à peu près la même chose…
Pendant ce temps l’ONU, mise à
mal depuis le conflit des Balkans passe aux oubliettes et c’est l’OTAN qui
prend la main en agrégeant quelques vassaux à des Etats-Unis qui s’érigent en
gendarmes du monde pour assurer la protection, non de la paix du monde, mais
des intérêts supérieurs d’une économie mondialisée et financiarisée dont ils
voudraient rester maîtres. Les relations diplomatiques ont cédé le pas aux
petits arrangements entre grandes puissances dans les petits cercles des forums
de discussion informelle entre dirigeants internationaux, sans statuts
juridiques, les G5, G7, G9, G20… des groupes qui font la gloire des relations
internationales aujourd’hui et qui, en traitant d’économie, mettent l’action
politique au service de la finance à l’échelle de la planète.
La première moitié du XXème
siècle avait connu deux guerres mondiales à l’issue desquelles deux slogans
concepts visaient à écarter la perspective de conflits armés dont les peuples
avaient pu mesurer l’abominable souffrance : « la der des ders »
après la première, et « plus jamais ça » après la seconde.
La première s’était achevée sur
une litanie de 16 traités de paix signés entre les belligérants du mois de mars
1918 à fin juillet 1923 et la création de la SDN (Société des Nations) qui
était sensée régler les conflits par la négociation, mais qui, pour les
Etats-Unis qui en étaient les promoteurs sans y adhérer immédiatement, était
d’abord un traité de libre-échange permettant à l’industrie de son territoire
épargné de s’emparer du marché d’une Europe dévastée. Le dépeçage des
territoires des vaincus contenait aussi les germes revanchards des humiliés…
La seconde s’était achevée sur
des capitulations et s’ouvrait alors une forme de partage du butin matérialisée
entre autres par la partition de l’Allemagne en zones d’occupation préfigurant
la séparation Est-Ouest. La création de l’ONU, dès janvier 1942 en unissant 26
pays pour combattre les forces de l’Axe, réplique de celle de la SDN une
génération plus tôt était sensée en corriger les faiblesses ; la
prééminence des cinq pays membres permanent du Conseil de Sécurité en fait une
zone de neutralisation plus que d’engagement collectif pacificateur.
Jamais
deux sans trois ?
La conférence de La Haye en 1899
n’avait pas empêché qu’on assassine Jaurès pour partir en guerre « la
fleur au fusil » quinze ans plus tard… La SDN a eu beau afficher ses
intentions pacifistes, elles n’ont pas pesé lourd face aux ambitions nazies et
fascistes qui se déchaînent après la crise économique de 1929… L’ONU est
désormais laissée pour compte quand le règlement des tensions internationales
échappe à la diplomatie pour s’aiguiser dans des conflits régionaux où les
grandes puissances s’affrontent par procuration en écoulant leur stock
d’armement et en brandissant la menaces de sanctions économiques.
La hiérarchie établie entre les
15 membres du Conseil de sécurité (5 membres permanents et 10 élus pour un
mandat de deux ans) ajouté à leur droit de veto institue la faiblesse du
dispositif. Parallèlement, les lobbies militaro-industriels occupent plus
surement les coulisses gouvernementales et les couloirs des parlements que les
espaces publicitaires de tous nos médias. Supplantée par l’OTAN sous l’égide
des USA, l’ONU est mise à l'écart faisant passer la belligérance avant la
négociation diplomatique.
La paix n’a plus bonne presse
quand les peuples acceptent la fatalité de la guerre, inévitable, inéluctable.
Pendant qu’aux Etats Unis Trump
rêve toujours de débarrasser son pays d’une mainmise communiste… ( !!!?),
le conflit russo-ukrainien n’oppose pas pour autant le « monde
libre » au communisme, mais bien plutôt des intérêts économiques dans le
même univers pour la maîtrise de ressources naturelles dont l’économie de
marché ne sait que tirer profit financiers au détriment des peuples réduits à
l’état de « chair à patrons1 » ou de « chair à
canons ».
Dans les 25 dernières années,
l’armée française a été engagée dans plus de 100 opérations extérieures.
1.
« Ressources humaines » dans sa
dénomination politiquement correcte (cf. « Français en situation de
sobriété subie » dans le discours de la ministre Agnès Pannier-Runacher,
un concept plus glamour que « pauvreté », non ?)
Les crises
La crise sanitaire du Covid a
soumis la planète à la traversée chaotique de plus de deux années. Révélatrice
des insuffisances des protections des populations et des dérives paradoxales
d’un productivisme forcené qui fait la force de la financiarisation des
économies mondialisées et leur fragilité sur les mêmes ressorts.
La guerre russo-ukrainienne
prenant le relai de la crise sanitaire apporte son lot de crises marquées par
des pénuries perturbant la vie des gens… Tantôt l’huile fait défaut et les
épiciers contingentent les ventes quand les rayons ne sont pas vides, tantôt
c’est la moutarde qui va resurgir après des semaines d’absence derrière des
étiquettes ukrainiennes ou polonaises et avec les révélations sur l’abandon de
cette culture « pas assez rentable » en France face à la production
canadienne…
A peine sortis des allées de la
grande distribution voilà que la crise tarit les pompes de la station service…
Gaz russe boycotté, réacteurs nucléaires à l’arrêt pour des réparations qui
traînent, main d’œuvre des société pétrolières qui s’arrête de travailler au
prétexte que les salaires qui stagnent se résistent pas aux vagues des hausses
de prix, c’est désormais la crise énergétique ! Le prix des carburants
flambe, les tarifs de l’électricité et du gaz explosent, pour refroidir la
cocotte-minute qui s’échauffe dangereusement la macronie sort son arrosoir et
fait pleuvoir quelques aides désormais réduites dans sa panoplie de
« boucliers tarifaires »… Et plutôt que de s’attaquer au marché
spéculatif qui fait monter les prix il accorde l’aumône aux croyants tout en
assurant à la quête la recette maximale aux pétroliers, ou en asséchant la
trésorerie d’EDF pour mieux servir ses actionnaires dans une procédure de
nationalisation qui en préfigure le dépeçage…
Mais comme la mode est au
« fait maison », il est glorieux d’être « auto-entrepreneur »,
recommandé d’épargner pour financer sa propre retraite, de mettre des panneaux
solaires sur son balcon pour fabriquer son électricité… et du coup le citoyen
se confine volontiers à la maison les jours d’élection en postant les photos de
son chat sur Facebook.
Et qui dit crise, dit
inquiétude ; gouverner par la peur n’est pas une nouveauté, les
difficultés ne sont pas nécessairement les meilleures alliées des prises de
conscience et des revendications… plus souvent déterminant des boucs émissaires
que pointant les justes responsabilités des causeurs de crise.
Un peu de cosmétique ne nuit pas
non plus pour circonvenir les plus faibles ; c’est ainsi que Madame Agnès
Pannier Runacher a promu le nouveau concept de français « en situation de
sobriété subie », euphémisme ou litote pour désigner plus gracieusement les
pauvres dans une France où plus de 10% de la population est touchée et ou la
pauvreté progresse sans cesse depuis plus d’une vingtaine d’années…
« Les crises nous rendent plus forts
» dixit Bernard Arnault, patron de LVMH, en Avril 2021 ! Sa fortune a progressé
de près de 15 milliards cette année pour atteindre 158 milliards de dollars (3ème
fortune mondiale) ! La démesure est difficile à mesurer : ces 15
milliards de gain en 2022, c’est de l’ordre de 30 fois le budget du département
de l’Allier, ça permettrait d’ajouter une bonne centaine d’appareil pour
doubler la flotte des Rafales de Dassault qui équipent l’armée française… Et
quand Darmanin achète 90 blindés pour le maintien de l’ordre, Bernard Arnault
aurait pu en offrir plus de 20000 tout équipés ou doter chacune des communes de
France de plus d’une douzaine de radars routiers…
|
|
|
|
30 budgets annuels |
100 rafales |
23 000 « Centaure » de Soframe |
36 000 fois 12 radars |
Les carburants vont augmenter… On
fait planer le risque de coupure d’électricité… Bientôt le prix des œufs va
flamber et il risque d’en manquer, tout comme de la volaille (non-maîtrise de
la grippe aviaire qui va faire disparaître nombre de petites exploitations…),
etc. Les sujets d’inquiétude se suivent et se ressemblent, et nous verrons
bientôt annoncer le versement de dividendes record chez Total, LVMH et autres
champions de l’économie du racket du bien public.
Pensez-donc, où voulez-vous
qu’ils trouvent les sous ? Combien de fois l’avez-vous entendu…
Il suffit de chercher où il y en
a -et de plus en plus- du côté des rentiers et des spéculateurs qui accaparent
une part de plus en plus importante des fruits du travail au détriment du bien
public, des salaires et des retraites.
Ni envieux, ni jaloux, juste curieux
pour info… et triste en pensant que chez nous, Restos du cœur, Secours Pop,
téléthon et compagnie, ont encore un avenir radieux… et, au vu de la 3ème
colonne, qu’ils seraient des produits d’exportation salutaires dans bien des
coins du monde…
Nombre et évolution du nombre de
millionnaires (source étude Crédit Suisse)
à l'échelle de pays |
|||
2017 |
2022 |
Évolution |
|
USA |
15 356 000 |
17 784 000 |
16% |
Japon |
2 693 000 |
3 821 000 |
42% |
Royaume Uni |
2 189 000 |
2 126 000 |
-3% |
Allemagne |
1 959 000 |
2 240 000 |
14% |
Chine |
1 953 000 |
2 748 000 |
41% |
France |
1 949 000 |
2 258 000 |
16% |
Italie |
1 288 000 |
1 451 000 |
13% |
Australie |
1 160 000 |
1 699 000 |
46% |
Canada |
1 078 000 |
1 453 000 |
35% |
Corée du Sud |
686 000 |
972 000 |
42% |
Suisse |
594 000 |
670 000 |
13% |
Espagne |
428 000 |
506 000 |
18% |
Taïwan |
381 000 |
501 000 |
31% |
Belgique |
340 000 |
405 000 |
19% |
Suède |
335 000 |
408 000 |
22% |
Pays Bas |
335 000 |
373 000 |
11% |
Autriche |
250 000 |
287 000 |
15% |
Inde |
245 000 |
372 000 |
52% |
Brésil |
164 000 |
296 000 |
81% |
Russie |
132 000 |
196 000 |
49% |
Hon-Kong |
119 000 |
138 000 |
16% |
Mexique |
84 000 |
88 000 |
5% |
Argentine |
30 000 |
68 000 |
127% |
à
l'échelle continentale |
|||
Afrique |
121 000 |
210 000 |
73% |
Asie Pacifique |
6 069 000 |
8 552 000 |
41% |
Chine |
1 953 000 |
2 748 000 |
41% |
Europe |
10 763 000 |
12 115 000 |
13% |
Inde |
245 000 |
372 000 |
52% |
Amérique Latine |
460 000 |
706 000 |
54% |
Amérique du Nord |
16 440 000 |
19 245 000 |
17% |
Monde |
36 051 000 |
43 948 000 |
22% |
Racisme, exclusion, stigmatisation…
Il y a de la violence dans l’air !
Suède, Lettonie, Pologne,
Slovaquie, Hongrie, et désormais l’Italie écharpent l’Europe d’un bandeau vert
de gris.
Les manipulations médiatiques de
conflits religieux, de tensions sociales, de postures sociétales, les
accommodements des politiques de consensus, les occasions ne manquent pas de
remettre une pièce dans le juke-box pour faire dégouliner la petite musique de
la haine du caniveau jusqu’à l’égout. Faisant écho au crédo de l’individualisme
qui fait communauté quand le collectif devrait faire société, les différences
vont faire obstacle à tout et enfermer chacun dans l’illusion de sa
spécificité. La violence des bandes rivales qui se disputent le marché des
camés des cités comme des beaux quartiers, des décervelés des clubs de
supporters, des plateaux télé pitoyables de Bollouna-Hannoré… L’exacerbation
des différences entre les « sans » dans des politiques de secours qui
ressemblent plus à l’obole à la sortie de la messe sous l’Ancien Régime qu’à un
geste d’éradication de la misère… c’est dans ce composteur que murit le terreau
où les mauvaises graines de l’extrême droite vont germer.
A Priori, l’autre serait
naturellement violent et dangereux, inférieur, inassimilable, et cette
considération suffirait à s’en séparer en le repoussant pour se préserver et
protéger son bien présumé menacé par celles et ceux que les guerres et la
misère poussent loin de leur terre : c’est une évidence quand on voit
hommes femmes et enfants qui survivent à la traversée de la Méditerranée. Un
militaire français en OPEX doit bénéficier d’une prime annuelle de 35000 euros
en moyenne… Les deux tiers des réfugiés sont poussés par la famine.
Les mêmes qui s’en prennent aux
« gris » ou « noirs » d’aujourd’hui sont les dignes
héritiers des massacreurs des guerres coloniales ; le peu de cervelle qui
leur reste et l’usage qu’ils en font provoque la honte du pays dit « des
droits de l’Homme » en singent les racistes pro armes de Trump, les
polonais ou les russes qui ne jurent que par le blanc et sa religion. Faut-il
que les consciences soient à ce point affaiblies pour être si perméables aux
idéologies nauséabondes qui ont alimentées les pires désastres de l’humanité.
« La société se durcit,
il faut l’intégrer »
Ce titre de La Montagne à propos
de l’assassinat d’un agent du Trésor lors d’un contrôle fiscal pose le problème
de la violence qui ne cesse de faire la Une avec des « faits divers »
qui sont autant d’insulte à l’humanité. C’est un carnage dans une fusillade aux
Etat-Unis -patrie des droits des armes-, le viol et l’assassinat d’une
adolescente en France -patrie des droits de l’homme-, la noyade de plus de 3000
migrants par an en Méditerranée -mer berceau de l’humanité-… et c’est sans
compter avec la raclée passée à l’arbitre à la sortie d’un terrain de jeu de
campagne par quelques joueurs et « supporters » de foot mécontents -bien
loin des pelouses pétrodollars du Quatar et du PSG réunis- ou des insultes qui
fleurissent dans le caniveau des talk-show télévisés…
La montée de la violence n’est-elle
que sa mise en lumière plus systématique dans une société de l’information où
tout ce qui peuple le présent est déballé en vrac et en permanence sans jamais
donner le temps de l’examen ou esquisser la moindre analyse ? Ou, sous des
pressions multiples, la société est-elle entrain de « s’ensauvager » dans
des attitudes de repli communautaire et des postures individualistes qui se
manifestent quand on voit se développer parallèlement une culture de la
victimisation, de la perte de responsabilité et du désengagement. Le statut de
minorité en difficulté entraine assez naturellement, et en même temps, des
réflexes défensifs et l’attente de l’assistanat.
C’est cette situation qui impose
également le déploiement d’une stratégie de l’aide ou du secours qui, en s’institutionnalisant
instrumentalise les valeurs de solidarité, de coopération et d’entraide qui s’écrivent
dans le troisième terme de notre devise Républicaine.
Ce dernier ne vaut que lorsqu’il
est indéfectiblement liée aux deux autres : liberté et égalité.
Or, les inégalités ne cessent de
croître dans le monde, et la liberté n’est pas menacée qu’en Iran…
L’inégalité prend des formes
diverses et on pense souvent à la « richesse » (une notion toute
relative dès lors que sa mesure fait tourner la tête à l’arithmétique) ;
mais elle se manifeste aussi en corollaire dans l’accès à l’éducation et à la
culture, à la santé ou à l’information, etc. Ces inégalités, plus ou moins
conscientisées entrainent leurs lots de frustrations, de mécontentements qui
peuvent aller jusqu’à l’exaspération et déboucher sur l’action violente,
manifestations ou pillages, pendant des jacqueries d’antan. Elles conduisent
aussi à l’amertume et au découragement avec le sentiment d’une impuissance à
vaincre la fatalité que souligne le titre de La Montagne : « … il
faut l’intégrer ».
Dans un cas comme dans l’autre le
creusement des inégalités et ses effets mortifères alimentent plus surement la démagogie
racoleuse d’extrême droite dans ses délires de boucs-émissaires que l’engagement
citoyen dans une démarche de reconquête des valeurs de la République.
Le monde n’est-il peuplé que de
quelques rapaces et d’une infinie multitude de proies qui se feraient dévorer
sous l’œil indifférent des gouvernements qui en out la charge ? Les Etats
n’en sont pas les contempteurs insouciants, ils en sont aussi artisans et victimes
consentantes.
Quand le pouvoir est l’enjeu, l’inégalité
est violente par nature.
L’assujettissement des uns aux volontés des autres nécessite
des moyens que la fortune procure. L’empire médiatique de Bolloré et la
créature de Zemmour…
Lorsque dans les 40 dernières
années les 10% des habitants de la planète les plus pauvres ont vu leurs
revenus progresser de 75%, les 0,001% les plus riches ont vu leur fortune
progresser de 250%, les 10% les plus riches possèdent à eux seuls 75 % de la
richesse mondiale et les 1% les plus fortunés plus de 40%. Dans les dernières
décennies, les pays sont devenus plus riches, mais les gouvernements sont
devenus plus pauvres !... et la part de richesse créée avec la part de
patrimoine existant s’est concentrée chez les plus riches, privant ainsi la quasi-totalité
des populations d’un partage équitable et les Etats des ressources nécessaires
à une action publique d’autant plus importante vis-à-vis des populations les plus
fragiles.
Le modèle français de l’ère Macron
en est la belle caricature quand, en même temps, ils avance la théorie fumeuse
du ruissellement qui voudrait qu’en arrosant la tête on abreuve les pieds et qu’il
sauve l’économie du pays avec 2116 aides publiques financières aux entreprises
pour création, reprise, emploi-Formation, gestion financière et exonérations, développement
commercial, export, innovation, écodéveloppement, investissements matériels,
immatériels et immobiliers et/ou transmission… des aides globalement à hauteur
de plus de 8% du PIB quand l’Etat en consacre de l’ordre de 6% à l’éducation...
Cette situation fait écho au
comptoir de radio bistro : « mais où voulez-vous qu’ils prennent les
sous, à force d’en donner aux chômeurs, aux étrangers qu’on soigne
gratuitement, avec les fraudeurs à l’assurance maladie, au RSA, sans compter
tous ceux qui vont aux restos du cœur le téléphone dernier cri à la main, ils s’en
tirent bien mieux que celui qui travaille avec le SMIC, etc. »…
Et si on augmentait le SMIC ?
« Comment voulez-vous que
les patrons puissent payer avec toutes les charges et les impôts par-dessus le
marché, sans compter la hausse du carburant et de l’énergie… et ce n’est pas
fini ! »
Si vous le dites !
Quand j’étais petit j’entendais
parfois mon grand-père parler des « lèche-culs des bisiaux »,
victimes consentantes de leur exploitation, et qui pouvaient lui rétorquer quand
il soulignait l’injustice de la situation de métayer :
« c’mment voudreu-tu que j’fassions
si j’avions point d’patron !»
… Et qui, le dos courbé et la
casquette à la main, livraient leur dû en beurre, volailles et services au
régisseur à la St-Jean et à la St-Martin… Cultiver un héritage d’ancien régime
ne préparait guère à la révolution.
N’a-t-on pas dans la société d’aujourd’hui
les mêmes « victimes consentantes » dont le pouvoir se flatte ? autoentrepreneurs,
intérimaires permanents, salariés détachés, amateurs de mobilité professionnelle
qui, tous ont modifié profondément la relation de l’homme au travail au
prétexte fallacieux de s’en sentir plus libre tout en brouillant la
conscience de la relation exploiteur-exploité !
Aujourd’hui la guerre se fait à
distance et avec les drones qui éloignent le tueur du tué…
Aujourd’hui le profit se fait
aussi à distance et à la vitesse de la lumière sur les marchés boursiers de la
spéculation financière, à la vitesse des scooters des livreurs de pizzas ou des
vélos des collaborateurs d’Uber-Eats, et autres « plateformes » qui
délègue à son intermédiaire la captation du micro-profit qui fera le gros… et d’autant
mieux consentie par ses congénères (cf. Airbnb qui fait de chacun un hôtelier) qui
vont, par le biais des « avis » d’usagers, substituer à l’expertise d’une
évaluation la subjectivité de leurs
appréciations.
Conclusion momentanée et
optimiste de ce bavardage dans les mots de Martin-Luther King :
« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants,
c’est l’indifférence des bons ».
vendredi 21 octobre 2022
La Paix à tout prix, la Paix n'a pas de prix.
APPEL COMMUN
au 14ème RASSEMBLEMENT de ROCLES (Allier)SAMEDI 12 NOVEMBRE 2022 à 10h00
D'associations : l’Association Laïque des Amis de Pierre Brizon et des Monuments Pacifistes et Républicains de l’Allier, la Libre Pensée 03, la Ligue des Droits de l’Homme 03, la Ligue de l’Enseignement 03, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, l’Association Nationale des Anciens Combattants et amis de la Résistance, l’Institut d’Histoire Sociale CGT du Bourbonnais, l’Association des Amis d’Ernest Montusès, le Mouvement de la Paix 03.
Depuis le 24 février 2022, la guerre sévit de nouveau au cœur de l’Europe.
Cette guerre oppose le régime des oligarques de Poutine à l’Otan, alliance offensive dirigée par le complexe militaro- industriel américain, les puissances européennes n’étant que des supplétifs tous alignés sur Washington. À ce jour se
poursuivent d’un côté l’aventure criminelle qu’est l’invasion de l’Ukraine et de l’autre l’engagement croissant du soutien de l’Otan avec un déversement incessant de dizaines de milliards de dollars et d’armes les plus sophistiquées en quantité illimitée par l’administration américaine et par tous les gouvernements européens dont celui de M. Macron, avec le risque à tout moment d’un dérapage incontrôlé ou d’une provocation de plus aux conséquences catastrophiques pour toute l’humanité, alors que Poutine vient de décréter la mobilisation partielle et menace d’utiliser l’arme nucléaire.
Cette guerre n’est pas la nôtre. C’est une guerre contre les peuples, contre le peuple ukrainien comme le peuple russe, contre tous les peuples européens comme ceux du monde entier, c’est une guerre des puissances pour se disputer le pillage des ressources et le maintien de leur système d’exploitation. Au nom de « l’économie de guerre », c’est partout, dans tous les pays, l’inflation, la hausse des prix, la paupérisation de centaines de millions d’êtres humains. C’est une
guerre contre les peuples « qu’on ruine et qu’on tue » comme le proclamait, déjà en 1916, le Manifeste de Kienthal dont Pierre Brizon fut le rédacteur. En 1914, Karl Liebknecht, député de la minorité socialiste allemande contre la guerre
refusait de voter les crédits de guerre en affirmant « l’ennemi est dans notre propre pays ». En juin 1916, Pierre Brizon, avec 2 autres députés socialistes, refusait de voter les crédits de guerre en affirmant, comme il le dira encore en 1919 : « Non, non, ne fêtons pas la ‘victoire’... La victoire, c’est la guerre. Et la guerre c’est la Mort [...] On ne fête pas la mort de millions d’hommes ... Il n’y aurait de victoire que si la guerre était morte à jamais. [...] Mais la guerre ne sera écrasée pour toujours que par le triomphe des peuples sur leurs gouvernements de proie, de privilège et de réaction. [...] À bas la guerre ! » !
Nous vous appelons à vous regrouper les plus nombreux possibles dans l’Allier, samedi 12 novembre 2022 à 10h00, contre la guerre, contre toutes les guerres d’hier et d’aujourd’hui, lors du 14ème Rassemblement de Rocles devant le monument aux morts pacifiste de Rocles où
Dans ce 14ème Rassemblement de Rocles, nous nous adresserons aussi aux Sénateurs pour qu’ils votent, à leur tour comme l’ont fait les Députés en janvier 2022, la loi de réhabilitation de tous les Fusillés pour
l’exemple de 1914-1918.